« Axiome » et « dignité » sont parents et étroitement liés, comme et avec « humanité et personnalité ». Ils disent valeur et respect (cf. Kant qui distingue valeur et prix, ainsi que finalité et moyen ; mais aussi au-delà de Kant, dans le sens que tout être humain a de la valeur, pas seulement ceux et celles qui ont l’entendement et peuvent raisonner), et cela d’une manière a priori. L’axiome est quelque chose qui est posé, qu’on juge digne, a priori, une vérité, une évidence. Et c’est ainsi que je traite la dignité (humaine), posée a priori, un fait qui ne se laisse ni déduire, ni prouver, ni contester. L’humanité est son côté biologique, la personnalité son côté moral et politique. La dignité humaine est donc absolue. Toute autre vision, par définition, doit la relativiser, ce qui demande des critères, toujours relatifs et discutables, et a comme conséquence une relativisation de la dignité et de la personnalité elles-mêmes. Enfin, celles-ci deviennent discutables, avec des dérives possibles comme l’illustre tristement l’histoire du 20ème siècle.
Ainsi, tout être humain est aussi personne. Aucun handicap peut nuire à sa dignité et l’aliéner. Ce qui peut être indigne n’est pas la vie d’une personne en tant que telle, mais les conditions de sa vie. En dernière instance nous pourrions dire que se retrouver en situation de handicap, telle que définie notamment par la CIF, est indigne pour tout être humain. Ce n’est donc pas le fait d’être aveugle, sourd, paralysé ou avec des difficultés de compréhension qui handicape, mais le fait de mettre une personne aveugle, sourde, paralysée ou avec des difficultés de compréhension dans une situation où ce qu’elle est la défavorise par rapport à celle qui voit, entend, marche ou comprend tout.
« N’insulte pas un sourd et ne mets pas d’obstacle devant un aveugle. » (Lévitique 19,14)
Armin Kressmann 2010