Les miracles – définition, hypothèses de travail

Constats, axiomes préalables :

–          Une personne polyhandicapée ne pourra jamais marcher comme moi.

–          Ce qui se passe est plus radical.

–          C’est la raison fondamentale de la croix.

–          Jésus et ses contemporains n’étaient pas dupes.

Hypothèses de travail – hypothèses de vie :

–          Un miracle est un événement extra-ordinaire.

–          Mais les miracles ne sont pas des événements supranaturels.

–          Un miracle est reconnu par la foi, non pas par la raison.

–          « Il n’y a qu’à » est le contraire d’un miracle, parce que « il n’y a qu’à », finalement, ne se fait pas.

–          On appelle miracle, au sens stricte, les événements qui manifestent la présence de Dieu.

–          Ce sont donc des signes du royaume de Dieu.

–          Un miracle de guérison est une mise en situation de santé et de bien-être.

–          Une personne physiquement malade peut être en situation de santé, comme une personne dite « handicapée » peut être en situation de bien-être.

–          Un miracle est d’abord un événement relationnel, il se manifeste pour une personne donnée toujours « par rapport à … ».

–          Chaque miracle est circonstanciel et situationnel, avec une composante subjective, mais pas exclusivement ; il n’est pas absolument objectif.

–          Nous appelons foi la composante subjective.

–          Maladie, détresse et handicap sont des invitations à réaliser des miracles,

« afin que les œuvres de Dieu se manifestent » (Jn 9,3).

« Je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes … » (Jn 14,12)

–          Les miracles sont possibles ; c’est la raison, ou une raison donnée (souvent posée en terme de faisabilité), qui les empêche régulièrement.

–          Les miracles ne sont pas raisonnables ; en conséquence, ils ne sont pas ordinaires ; ils ne font pas partie de l’ordre habituel des choses. Habituellement le fort domine le faible, le riche le pauvre, et celui qui est en bonne santé écarte celui qui ne l’est pas. Les miracles renversent ces relations.

–          En conséquences, les miracles dérangent ; ils rangent autrement, ils réarrangent les relations, entre humains, par rapport à l’environnement et avec Dieu ; ils réorientent, ils transcendent, ils sont révolutionnaires.

–          Le plus grand miracle serait de ne plus avoir besoin de miracles.

–          Le chrétien croit que c’est possible, en Jésus-Christ ; en lui, grâce à lui et dans la foi en lui, la « fides qua creditur », – l’éthique dirait la raison -, la vie bonne avec et pour autrui est pleinement réalisable.

« Appelons ‘visée éthique’ la visée de la « vie bonne » avec et pour autrui dans des institutions justes. » (Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, p. 202)

–          Donc, sans foi, pas de miracle. Il faut y croire.

–          La croix – la mort : Dieu en situation de handicap. Et le déficit, la partie personnelle ? Son propre doute :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34 ; Ps 22,2)

–          La résurrection – Dieu en situation de vie, malgré la mort et au-delà de la mort ; un tombeau vide, rien n’est visible,

« il n’est pas ici » (Mt 28,6 ; Lc24,6),

donc une question de foi

« il vit et il crut » Jn 20,8

Le plus grand miracle est réalité, la vie en absence de miracle ; devant la mort être en situation de vie.

Armin Kressmann 2010

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