L’évaluation des besoins spirituels des personnes hospitalisées, par une approche systémique et inductive, travaille avec la définition suivante de la spiritualité :
« La spiritualité de la personne hospitalisée est définie par la cohérence singulière qu’elle donne à connaître lorsqu’elle déclare son sens à l’existence, manifeste ses valeurs et désigne sa transcendance. Cette cohérence fonde son identité. » [1]
L’aumônier, – ou tout intervenant en tant que spécialiste, comme nous l’avons vu -, est en quelque sorte chercheur qui se confronte comme sujet, avec sa spiritualité, au sujet qu’est le patient avec sa spiritualité. Le professionnalisme de l’intervenant lui fait prendre une « distance thérapeutique » suffisante, quasi « scientifique », qui évite les risques de prosélytisme ou de fantasmes de toute-puissance :
« En tant qu’aumônier, je veux croire que l’irruption d’une pastorale hospitalière, reconnue comme entreprise scientifique au sein même des institutions de santé peut avoir une influence importante sur l’ensemble de la prise en charge des personnes malades. … cette science est tributaire d’une rationalité sujet-sujet et non d’une rationalité sujet-objet (rationalité technicienne), c’est-à-dire que toute action de recherche comprendra obligatoirement la réflexion du chercheur sur sa propre position, de même qu’une confrontation du sujet de recherche sur les prémisses et les finalités de celle-ci. » [2]
Etienne Rochat
Les buts de cette démarche, institutionnels et personnels, sont les suivants :
« L’accompagnement spirituel devrait conduire à :
– Humaniser les soins
– Favoriser une prise en charge globale
– Améliorer la communication
– Clarifier les attentes spirituelles dans la prise en charge
– Mobiliser les ressources dites spirituelles pour mieux intégrer la maladie / la crise
– Augmenter le bien-être
– Favoriser un retour plus rapide à l’autonomie (gain économique si diminution de la durée de séjour)
– Clarifier les enjeux éthiques dans la prise en charge » [3]
Au plan individuel il s’agit de faire en sorte que le patient garde ou retrouve l’équilibre entre les trois réalités qui construisent, selon le Groupe de Travail sur la spiritualité en milieu hospitalier, son identité et qui composent le champ du spirituel tel que défini, une cohérence entre sa quête de sens, son ouverture à une transcendance et ses valeurs :
« Nous mettons en lien direct cette dimension spirituelle avec la vision bio-psycho-sociale et spirituelle de la personne humaine dispensée dans les établissements de soins. Cette vision a pour conséquences de reconnaître à chaque personne … une « dimension spirituelle » et de considérer que le bien-être global de la personne humaine est le résultat d’un équilibre conservé ou reconstruit entre les diverses composantes de ce système. » [4]
« … au-delà du langage, du rituel, de la religion, le spirituel est cet espace en soi secret où chacun construit le sens de sa vie, en s’interrogeant sur sa présence au monde et une transcendance possible. Le spirituel est notre identité originelle comprenant une dimension immanente à la personne elle-même, elle permet la relation à l’autre en sentiments et en émotion, une dimension transcendante, enracinée dans l’homme, elle le relie au sacré qui l’habite ».
Claude Rougeron, cours en mars 2001 : La dimension spirituelle dans le soin[5]
Armin Kressmann, Rapport « La spiritualité et les institutions », CEDIS 2008
[1] Rapport du Groupe de Travail, p. 8
[2] Soutien spirituel dans les institutions de santé : la pastorale hospitalière entre crise du religieux dans la société et volonté d’autonomie spirituelle chez la personne malade ; Sources, 2003
[3] Rapport du Groupe de Travail, p. 4
[4] idem p. 6
[5] idem p. 7