(avec Adolf Pohl, Wuppertaler Bibel, Gnilka, Evangelisch-katholischer Kommentar ; quand j’écris « homme » c’est l’humain, « Mensch », « ecce homo », « Adam », le terreux, « mâle et femelle »)
« Selon Marc »
C’est déjà un programme : quoi, selon Marc ? Qui est-il, Marc ? Cf. 14,51s
Herméneute, interprète de Pierre
Quand ? Vers 70 de notre ère
Géographiquement :
Chapitres 1 à 9 Galilée Apparition, baptême, proclamation
10-13 Judée, Jérusalem Proclamation
14-16 Jérusalem Passion, mort, résurrection
Théologiquement (christologie) :
1-8,26 Mystère messianique
8,27-30 Pierre reconnaît en Jésus le Messie
8,30 à ch.16 Éclairage du mystère messianique
et ouverture du mystère pascal de la Passion : qui est-il, ce fils de l’homme ?
La résurrection lève ce mystère.
La diversité des noms ou appellations illustre le mystère :
Celui qui est plus fort que moi (Jean-Baptiste), Jésus, Fils de Dieu, le charpentier, Fils de Marie, Frère de Jacques…, Prophète, Jean-Baptiste ressuscité, Élie. Christ … Messie 8,29, Fils de l’homme, Rabbi, Fils de David, Seigneur, C’est lui, Hors-la-loi, Moi, le Nazaréen, Roi des Juifs, Jésus de Nazareth, Le crucifié
Selon Marc :
- Évangile, bonne nouvelle
- « Jesusbuch » – « Biographie »
- « Passionsbuch » – Histoire de la Passion, le crucifié est le Fils de Dieu crucifié, le fils de l’homme crucifié, le Messie crucifié … « Jesus starb nicht durch die Römer oder Juden, sondern Gott selbst gab in preis, stellvertretend das Gericht zu tragen für de ganze Welt » (Adolf Pohl)
- « Jüngerbuch » – Histoire de disciple, histoire de la relation entre Jésus et ses disciples, leur fidélité et infidélité, réussites et échecs : « Mögen seine Jünger ihm gründlich kündigen, nie kündigt er ihnen. »
- « Gemeindebuch » . Livre de communauté, du cercle élargi 15,42ss
v. 1 Commencement, début, fondement, principe, « entête, tête » (Chouraqui)
- de l’évangile de Marc (de ce texte, de ce qui suit)
- de l’Évangile selon Marc, de la grande, bonne nouvelle
- de l’annonce, du message de Jésus Christ
- du commencement
- le commencement étant Jean-Baptiste, donc le verset 1 comme introduction du verset 2, qui lui fonde le premier verset
Fondement et début (« Anfangsgründe und Grundlegung ») de l’annonce et du message, bonne nouvelle, Évangile, de Jésus Christ dans et pour le monde et l’histoire de ce monde.
Noël, c’est Jean-Baptiste
« qu’il te fraie un chemin … v. 3 préparez le chemin », le début de l’Évangile a eu lieu tel qu’Ésaïe l’a dit, c’est-à-dire par l’apparition et l’action du Baptiste. « Nun zur Sache … », « allons droit au but »… « or » du v. 9 Jésus (Christ) :
Le contenu de l’Évangile est Jésus Christ (1 Corinthiens 15,3-6), le crucifié et ressuscité
« Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois… »
Message (à l’époque, et aujourd’hui encore) irrecevable, donc Noël comme question :
Qui ? Tu parles de qui ? Ce crucifié qui était-il (cf. Mc 8,29) ? D’où venait-il ? De Galilée, impossible ! Pourquoi devait-il mourir ainsi ? Qui l’a crucifié ? Qu’est-il qu’il a enseigné et fait ?
Noël est question … et réponse au même temps :
Noël est Évangile, annonce de Jésus Christ, là où il apparaît, parole vivante de Dieu (Fils de Dieu)
v. 4 Baptême de « conversion » :
«Johannes erklärt das Umkehr-Wesen (l’obéissance à la loi) für ungültig und nichtig, indem er alle Träger des ‘Jochs der Umkehr’ zur ‘Taufe der Umkehr’ auffordert. », Jean-Baptiste déclare non valable toute tentative d’obéissance à la loi, « conversions », et invite ses interlocuteurs à se soumettre à un « baptême de conversion », à se tourner vers celui qui apparaîtra.
Le salut est une personne et non pas l’obéissance à la loi, aux commandements moraux ou à la morale : conversion est se tourner vers … cette personne porteuse de salut. Le salut parmi nous, « Emmanuel » (Matthieu)
« Johannes überführt seine Bewegung in die Jesusbewegung … » und Jesus überführt seine Bewegung in unser bewegtes Leben, das das Leben seiner Kirche sein sollte.
Ici se passe quelque chose de fondamentale et ré-volutionnaire, le baptême comme passage à la liberté, liberté de la contrainte de la loi, le respect de la loi comme finalité, à la liberté de respecter la loi quand elle est au service de la vie et d’autrui, bonne nouvelle, et bonne nouvelle incarnée, active et pas seulement déclaration. L’appartenance au Christ, et en et à travers lui en Dieu (pourquoi lui et non pas Dieu directement? Parce qu’il s’agit d’incarnation justement), est libération de toute autre appartenance. Elle fait ex-ister l’homme, sortir de la masse, en le déclarant individu et personne, fait le sortir de son égocentrisme naturel et le rend capable de pouvoir se pencher, « sich zu-wenden », « se convertir » vers autrui, un être comme lui. La con-version ne vise pas Dieu en soi, mais la liberté en Dieu et la liberté de pouvoir en toute sécurité s’occuper de l’autre. Parce qu’il y a déjà quelqu’un qui s’occupe de nous.
Noël est « con-version », « Zu-wendung », empathie, attention, sollicitude, se tourner vers les lieux où Christ (le crucifié) apparaît (le ressuscité)
Noël est baptême, Noël est liberté
v. 12.13 Désert et épreuve : le désert comme lieu de solitude et par là lieu de rencontre et de confrontation avec Satan, non pas diable, tentateur, diviseur, mais celui qui met à l’épreuve, autant l’homme libéré qu’en l’homme le projet de Dieu lui-même. Devant le vide qu’instaure la libération, le commencement dont on ne sait de quoi, il y a d’abord désordre, chaos, « tohu-bohu » du commencement (Genèse 1), commencement de toute création comme celui de l’Évangile selon Marc.
Épreuve … croix … résurrection, voici l’horizon de l’Évangile (selon Marc).
Noël est épreuve ; em-pathie ? devant la croix, dans l’espérance de résurrection
v. 9 « Or, voici, arrive, et voilà » … LE voilà, Jésus, et en lui un autre baptême, qui n’est plus d’eau, « mécanique », conversion, mais spirituel, renvoie au règne de Dieu.
Noël est apparition du mystère (messianique)
Qu’est-ce qui ou qui arrive quand arrive autrui ?
Cf. v.1 le débat sur l’attribution « Fils de Dieu » qui n’est pas attestée par tous les manuscrits.
Jésus donne à Dieu un visage, reflet, rend visible le règne de Dieu, comme mystère : qui est-il, celui-là ?
Au même temps il donne à l’homme, tout homme ?, le visage de Dieu, comme mystère et interrogation (Marc 8,27.28 « qui suis-je … qui dites-vous que je suis ? »). La réponse est la croix (Marc 8,31ss), certitude matérielle, … et comme promesse la résurrection, certitude dans la foi.
C’est lui ! 15,39
Noël est visage … de Dieu
… donc Noël est appel, vocation
« Con-vertissez-vous et croyez à l’Évangile » dit la TOB, la traduction œcuménique de la bible.
Cependant, en grec ce n’est pas «à» mais «dans» l’Évangile : croire dans l’Évangile.
L’Évangile est le point de vue à partir duquel le croyant, la croyante est invitée à regarder autrui.
Être dans la parole pour la transmettre d’une manière incarnée, et non pas comme paquet à déposer devant autrui. Nous sommes invités à nous inscrire, nous insérer dans l’Évangile.
Transmettre, incarner le message : « Le règne de Dieu s’est approché. »
Devenir pour autrui royaume de Dieu.
Noël est règne et royaume de Dieu.
A l’époque l’empereur (« Auguste ») s’est présenté comme évangile, bonne nouvelle, il y avait une inflation de « bonnes nouvelles ».
Dans ce contexte, l’Évangile de Jésus Christ (Marc 1,1), croix et résurrection, règne de Dieu, était polémique.
Noël est polémique.
Polémique face à quoi ? Libération de quoi ? Et si c’était aussi, et peut-être surtout, l’Église … à ne pas confondre avec le royaume de Dieu ?
Où est-il donc, ce règne ou royaume de Dieu ?
Mystère : messianique (qui suis-je ?) … humain (fils de l’homme) … divin (fils de Dieu)
Qui es-tu, mon ami, mon amie ?
« Glaube ist bei Markus immer Dennoch-Glaube », la foi chez Marc est « malgré tout », contrefactuelle : le règne de Dieu s’est approché, malgré tout.
Noël, « malgré tout » !
Armin Kressmann 2024