En tant que protestants réformés nous sommes dans une mauvaise posture. Les signes du temps parlent contre nous. A commencé, me semble-t-il, une époque où l’identitaire l’emporte de nouveau sur l’universel, à gauche et à droite. On est d’abord Suisse, paysan, queer, trans, Vaudois, chrétien, ou musulman, femme, noir, ou blanc, aux États-Unis républicain ou démocrate, en Suisse UDC ou socialiste, etc. etc. La guerre en Ukraine en exprime la forme ultime et absurde, et nous rappelle ce qu’ont vécu nos grands- et arrière-grands-parents. Et les réformés ? Pour moi, avant d’être protestants, ils, elles, aspirent à être humains. Et elles, ils fondent cette conviction, cette foi, sur la bible, ce que nous appelons l’histoire du salut. Tout lecteur, toute lectrice sincère, constatera que le message, l’alliance est universel, l’enjeu est l’humanité, et sélection, choix par Dieu, alliances successives, il y a seulement pour rappeler cela : l’humanité de l’homme, comme « Mensch ». Nous ne sommes pas juifs ou chrétiens pour être juifs ou chrétiens, nous le sommes pour rappeler à l’humanité l’humanité de tout humain, et la sainteté de tout être vivant.
Armin Kressmann 2022