JACKs EERV – Jeunes Accompagnants de Camps et de KT de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud

(Bulletin de la Société pastorale Suisse, novembre 2019)

Un peu d’histoire – Parfois la grâce nous touche

La grâce ? En tout cas, pour moi, quand nous avons pu mettre en place les formations JACK, entre nous, pasteurs et diacres responsables de la jeunesse de l’Église vaudoise (EERV), hommes et femmes, avec les bénévoles, avec les jeunes et avec les enfants qui nous ont été confiés, aussi nos autorités, Église s’est donnée, communauté en Christ, une vision et une foi partagées.

Les débuts

C’est en 2000, l’EERV vient de se restructurer : travail en réseau et en équipe, ministères spécialisés, régionalisation, etc. Les compétences particulières, charismes disons-nous, sont davantage prises en compte et valorisées. Et le monde change. Les familles ne confient plus leurs enfants à la paroisse, « au pasteur », sans garanties que les personnes qui les prennent en charge soient formées pour cette tâche ; belle tâche, mais pleine de responsabilités. Il faut assurer le passage d’un accompagnement « familial » à un accompagnement « professionnel ». Les attentes et les exigences montent. C’est le cas pour tous les organismes qui s’occupent d’enfants et de jeunes hors familles. Il faut collaborer, à l’interne et avec les instances externes : scouts, CEMEA, Jeunesse et Sport, Espoir romand, etc. Les Églises s’occupent d’un grand nombre d’enfants, mais l’accompagnement est peu formalisé. Donc, au boulot !

La mise en place et les principes

D’abord les ministres de service communautaire enfance et jeunesse se mettent au travail. Puis nous réunissons les jeunes qui ont déjà des responsabilités, ont été peut-être formés, et instaurons les premières formations. On est quasiment entre collègues. Et surprise : ailleurs dans le canton il y a aussi des gens compétents. Des amitiés se forgent. On invite des spécialistes, on regarde ce qui se fait dans d’autres cantons, on se forment entre nous, on structure, on élabore ce qui donnera par la suite les JACKs B, des jeunes qui sont capables de défendre une vision commune et de prendre des responsabilités lors de camps ou dans la catéchèse. Et il faut les faire reconnaître par les instances publiques. Ce n’est pas gagné d’avance : « Oh, les Églises … » Mais, avec patience et persévérance, on y arrive. Les formations s’élargissent. A part les évidences en matières techniques, trois principes nous guident : d’abord donner une perspective à tout le monde. Dans le monde du travail on parlerait de « carrière ». Pour cela il faut un « plan de carrière » … JACKs A, B, C … chef de camps … conseil paroissial ou de service communautaire … études en théologie ; garder le lien et accompagner les jeunes qui « confirment », les faire revenir comme accompagnants, JACKs A, puis les inviter à poursuivre. Ensuite, dans le travail avec les enfants et les plus jeunes, faire de sorte que dans la mesure du possible transmission de jeunes à jeunes il y ait, rencontre entre jeunes, où les uns représentent le projet, les autres le public auquel nous nous adressons. Enfin, quelques soient les formations, aussi techniques qu’elles soient, nous voulons maintenir la dimension spirituelle. Chaque activité, pas seulement prières, méditations et cultes, a une dimension spirituelle. Dieu parmi nous, aussi sur le terrain de foot. Les implications pour le vivre ensemble, on pourrait l’appeler éthique, sont considérables.

Il y en a d’autres

Mais voilà, nous ne sommes pas les seuls ; la dimension œcuménique s’impose, pour des raisons pratiques, notamment l’image dans la société, mais aussi, et surtout, par conviction. Quelle enrichissement mutuel de travailler avec des collègues catholiques et évangéliques, les scouts, voir les jeunes de confessions et de convictions différentes travailler sur des projets communs. Et puis la professionnalisation : en Suisse elle passe par Jeunesse et Sport. Comment l’articuler avec le travail en Église, être à la hauteur des exigences de la Confédération tout en gardant le souci spirituel ? D’autres compétences, d’autres collègues prennent la relève.

Et aujourd’hui ?

Après presque vingt ans, les JACKs sont entièrement reconnus dans notre Église. Le nom est symboliquement devenu « AOP, Appellation d’origine protégée ». Des premiers JACKs il y en a qui sont devenus des collègues. Et ce sont les jeunes qui reprennent la responsabilité pour l’ensemble, ce qui était le rêve dès le début. Nous devrions les reconnaître davantage, les rémunérer même, et surtout les accueillir comme cadeau, grâce, et non pas comme concurrence ou simple ressource dont on profite. L’instrumentalisation guette aussi les Églises.

Pour moi, le projet JACK est Église dans le meilleur sens du terme, un lieu où ceux et celles qui s’y engagent peuvent grandir dans la foi et mettre celle-ci pratiquement au service de l’autre.

Armin Kressmann, Vevey, pasteur à la retraite itinérant, biologiste moléculaire, clown, peintre, grand-père et blogueur ; www.ethikos.ch

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