« Geschwister », « Geschwisterlichkeit » – Quelque part sur facebook j’ai demandé si quelqu’un pouvait me donner la traduction en français. Parce que c’est plus que « fraternité »; c’est neutre. Mes « Geschwister » sont mes « frères et soeurs », un mot qui inclut les deux sexes et les dépasse. « Fraternité », ce sont mes frères, étymologiquement, « sororité » exprime la solidarité entre sœurs, « Geschwisterlichkeit » englobe les deux. Au nom de la « Geschwisterlichkeit » je peux m’associer à un débat entre femmes ; au nom de la fraternité on se méfie de moi, « vieil homme blanc », ennemi potentiel. Je suis encore de la génération où la solidarité n’avait pas de sexe, et le terme allemand l’exprime. Drothee Sölle, avec ma femme, ce sont elles qui m’ont fait féministe, féministe au-delà du féminisme, en quête de la solidarité avec tous ceux et celles qui sont discriminés, quelque soient les raisons de la discrimination : « Geschwister » sommes-nous, enfants d’un même Père, « frères et sœurs » en et par Jésus Christ. Voilà ma confession de foi. Quand Dieu le Père se lance dans cette folie qu’est la création par la Parole, l’Esprit, Dieu la Mère, plane sur les eaux du chaos originel. Et ce qui pour moi est tohu-bohu1 prend forme, homme et femme. « Forme », « Gestalt », en allemand, forme vivante au-delà de la forme purement formelle …
Armin Kressmann 2019
1Ce qui est donné peut être simplement compris comme fait donné,« tohu-et-bohu », « terre déserte vide, et ténèbre à la surface de l’abîme » (Genèse 1,2), réalité théologique insondable, « abîme », mystère de Dieu, « nature », dirait le scientifique, nature pas encore nommée, donc inexistante, le théologien, pas encore sortie du chaos indéfini, terre avant « la terre ».