Bribes théologiques sur le sens des « choses » – Facebook peut aussi servir à ça ; merci les amis, Ludwig Wittgenstein, Jean-Pierre Thévenaz, Jean-Marc Leresche et Serge Fornerod
AK : La théologie ne dit rien de sensé de la réalité de la foi. Elle ne peut que dire qu’on ne peut rien dire de sensé de la réalité de la foi. Elle peut donc dire que celui qui prétend dire quelque chose de sensé dit du non-sens. Et elle doit le dire clairement.
AK (Armin Kressmann) : Le signifiant ne dit rien du signifié; il montre seulement. Seulement ?
Jean-Pierre Thévenaz : Faux, si vous y réfléchissez mieux : c’est le signifié qui a sollicité la naissance d’un signifiant. Il faut donc demander au signifié de répondre à la question d’Armin! (Je traduis Ricoeur par cette intervention !) Bonne suite d’été philosophique!
AK : Et si c’était un adoption ? Ceci est mon Fils..
AK : La spiritualité commence quand tout est dit.
AK : Ne confondons pas ce qui n’est pas encore dit avec la spiritualité.
AK : La place de Dieu n’est pas en ce qui n’est pas encore dit.
AK : Penser Dieu est dépourvu de sens, « Unsinn ».
Jean-Pierre Thévenaz : Au 21e siècle peut-être, mais pas aux temps bibliques. Alors il s’agissait d’une plénitude de sens!
AK : Au lieu de vouloir le penser, ne s’agissait-il pas de croire, à l’époque déjà ?
Jean-Pierre Thévenaz : Tout penser est un croire et tout croire a le droit de penser, le débat étant de savoir à quoi on croit ou se fie.
AK : L’impossibilité de pouvoir penser Dieu, c’est ce que je crois. Selon toi, serais-je en conséquence aussi dans l’impossibilité d’y croire ? Pourtant, c’est lui, c’est ce que je crois aussi, qui nous permet de nous penser nous. Possibilité et impossibilité de te penser toi. En tout cas tu me fais penser, régulièrement, et j’en suis reconnaissant. En plus, tu pourrais avoir raison. Jean 1,18 ?
AK : Dieu est amour ne définit pas Dieu. Ce n’est qu’un indice.
AK : La croix ne définit pas le Christ. Ce n’est qu’un indice. Comme la résurrection.
AK : Wir können nur von ferne darauf hinweisen.
AK : Cela devrait nous rendre humbles.
AK : Indiquer de loin.
AK : Ce que je dis est dépourvu de sens. Est-ce son sens ?
AK : Je suis dans un train non-climatisé. Et il a du retard.
AK : Je viens de dire quelque chose qui a du sens, même si ce n’est pas une chose, mais un fait. Je transpire. Y a-t-il causalité ? Pour le scientifique oui, mais pas pour le théologien.
AK : Le sens de Jésus est en Jésus, le sens du Christ en Dieu.
AK : Le sens de Dieu est en Dieu; il m’échappe donc, quoi que la bible me dise. Elle ne l’indique que de loin; croix et résurrection sont de l’ordre du signe, à ne pas confondre avec ce à quoi elles renvoient.
AK : Dieu ne
dit pas: « Je suis celui qui existe. »
Il dit: « Je
suis celui qui je suis. »
AK : Dieu n’existe pas, il est: « Je suis celui qui je suis ». C’est notre problème : parce que nous ne sommes pas, ou rarement, ce que nous sommes, – théologiquement tels que voulus par Dieu-, nous faisons tout pour exister, sortir des conditions dans lesquelles nous nous retrouvons. D’où nos comportements extravagants et inadéquats, nos mensonges et tricheries, violences et manipulations. Parce que nous ne sommes pas humains, – humains comme Dieu est humain en Jésus Christ, donc tels que voulus par Dieu, encore une fois-, nous sommes inhumains.
Dieu: un mot. Rien qu’un mot. Plus qu’un mot. – Jean-Marc Leresche Merci Armin de cet éclairage. Je suis de plus en plus convaincu que l’existence de Dieu peut(ou doit) être mise en question. Ainsi, nous questionnons nos propres représentations de Dieu. Et nous nous approchons de son Essence. Il est ce « JE SUIS ». https://jeanmarcleresche.ch/2019/07/07/dieu-un-mot-rien-quun-mot-plus-quun-mot/
Serge Fornerod : Une jolie formule dans le même sens: il ne s’agit pas de savoir qui Dieu est pour moi mais qui je suis pour Dieu.
AK : Je suis qui je suis parce que je ne suis pas qui je suis.
AK : La Suisse est la Suisse parce qu’elle n’est pas la Suisse.
Armin Kressmann 2019