Luc 12,33 (Lc 12,33) Le royaume de Dieu – « Je possède, donc je donne ; je donne, donc je suis »

Le verset 33 du chapitre 12 de l’évangile selon Luc comme une définition du royaume qui nous est donné par Dieu selon le verset 32.

« pôleô » vendre

« uparchonta » possessions, « Güter » … ce dont je dispose … « hyper », sur, au-delà, et

« archonta », donc renvoi au commencement, à l’origine, au principe, au début …

ce qui me fait dire à l’origine créationnelle, donc au « projet initial de Dieu pour moi », à notre vocation

« eleèmosunè » aumône … justice – équité … rendre à chacun ce qui lui est dû …

la qualité de ce que l’essence des êtres exige,

ce qui est conforme à sa « vocation » …

Rawls ?! La justice comme équité, « fairness »

« Le terme aumône … traduit en Si 4,14.30 ; 7,10 ; 40.17 etc., l’hébreu ‘sdaqah’. Ce vocable hébreu, dont le sens primitif est ‘justice’, s’emploie au moins à partir du IIème siècle av. J.C. au sens de ‘charité’ ou ‘aumône’. » (Dictionnaire encyclopédique de la Bible ; Brepols, Maredsous 1987, p. 167)

« ‘sdaqah’ droiture, droit, justice, vertu. Piété, mérite, miséricorde, charité, salut »

Donc, le royaume ou règne de Dieu qui s’est approché en JC, qui est imminent, comme un retour au projet de Dieu initial ?

Une réalisation de notre être de créature, tels que voulus par Dieu ?

Pour que nous pussions être ce que nous sommes fondamentalement.

Un dépassement de « l’aumône » dans son sens condescendant, com-passion plus que « pitié », miséricorde dans le sens noble du terme.

Une mutualisation des richesses, dont l’argent, « vendez », est la forme matérielle ultime (dépassement et fin de « mammon »).

Et « donnez » …

Le royaume, don du Père, comme une dynamique de partage, possession et lâcher prise. Je donne ce que j’ai reçu et reçois toujours.

Le v. 33 une « parabole-évidence » et « -événement » du royaume (v. 32) « choc » (Daniel Marguerat ; Jésus de Nazareth; Seuil, Paris 2019, p. 133) ? Le royaume n’est pas « comme », le royaume c’est ce qu’exprime ce verset 33.

Pourquoi vendre et donner, et non pas donner « comme ça » ?

« pôleô, pôlein » … « signifierait … ‘se procurer des bénéfices’, et secondairement ‘vendre’ … ‘mettre à prix, chercher un gain’ » (Émile Benveniste ; Le vocabulaire des institutions indo-européennes ; Économie, parenté, société ; Éditions de minuit, Lonrai 1969, p. 134)

Le royaume de Dieu, il se pourrait donc pas seulement définir littéralement, tel qu’est habituellement traduit le verset 33 du chapitre 12 de l’évangile de Luc :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône » (TOB),

mais dans une vision plus dynamique et générale, au-delà des biens purement matériels, d’autant plus que le « le », les biens vendus, n’est pas repris dans le texte grec :

« Procurez-vous des bénéfices que Dieu vous a confiés dès le commencement, de ce que vous êtes initialement en tant que créatures, de vos talents et de vos charismes, comme de vos biens matériels, recevez et donnez, comme Dieu vous à donné, partagez, afin que toutes et tous, vous aussi, puissiez devenir ce que vous êtes fondamentalement, ce que Dieu a souhaité pour vous, ce qui est votre vocation, selon l’appel qui vous est adressé. En un mot, soyez juste, comme Dieu est juste, ou saint, comme Dieu est saint. C’est ça, son royaume, imminent, déjà réalisé et présent en Jésus Christ. Procurez-vous de ce que vous êtes profondément et mettez-le en valeur et à disposition d’autrui, notamment de ceux et celles qui en ont besoin pour devenir et être, eux aussi, ce qu’ils sont pour Dieu. Le royaume est ainsi mutualisation du salut. Compassion et justice, c’est ce que la bible appelle ‘aumône’. »

Armin Kressmann 2019

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