« Nature, dans sa forme pure, est création en son commencement. » (Moltmann)1 Au commencement, nous y voilà, parole ou nature ? Difficile de contredire Moltmann, mais création, pour moi, est Parole, Verbe. Et si c’était nature, ce serait tohu-et-bohu… Sans être nommées, les choses disparaissent dans le chaos. Elles n’existent pas ; elles résistent seulement, comme obstacles, « posée là, devant nous ». Les nommer les fait exister, et cela même pour le scientifique. Entre lui et le théologien ne change que le langage. Et la finalité. Et la source. Sur celles-ci le scientifique se tait. C’est la raison pour laquelle il peut être croyant. Création ex nihilo, comme le dit la tradition ? Ce qui n’a pas de nom est néant. Ne pas appeler quelqu’un par son nom, pour une réalité ne pas avoir un nom, est le faire taire, disparaître. Déni, dénier … La « masse silencieuse » n’existe pas ; elle résiste seulement. Il faut lui donner parole pour qu’elle existe, sorte de son silence et de sa résistance … le changement climatique, les migrants, les handicapés, les femmes …
Armin Kressmann 2019
1« In ihrer reinen Gestalt ist Natur die Schöpfung im Anfang. » Gott in der Schöpfung ; Kaiser, München 1987, p. 72
