Orientation sexuelle et mariage pour tous – Nature, création, don ou grâce de Dieu ?
Quand nous parlons de « création », ne la confondons pas avec « nature ».
« Sauvegarde de la création » n’est pas sauvegarde de la nature, mais sauvegarde dans la nature, voire dans le monde, de ce que la foi reçoit et considère comme création.
La nature désigne des faits, la création un certain regard, en l’occurrence biblique et judéo-chrétien, sur les faits.
C’est la parole qui fait de la nature création ; elle est au commencement (Jean 1).
La science analyse et étudie les faits en tant que faits, comme a priori.
La théologie n’est pas une science de la nature.
La foi questionne les faits pour y discerner ce qui correspond ou ne correspond pas à ce qu’elle reçoit et interprète comme volonté de Dieu.
À travers sa lecture, son herméneutique, biblique, elle discerne dans les faits des « créatures ».
Confondre nature et création nous piège : ce qui est, est-il voulu par Dieu, tel qu’il est ? Évidemment que non, sinon la bible ne parlerait pas de « gouvernance » (« domination », rendre « domestique ») ; ses auteurs savent bien que ce qui est, n’est ni nature pure, ni création voulue telle par Dieu. L’homme, l’humain, est invité à devenir et être co-créateur, à mener ce qui est vers ce qui est aussi création, voulu par Dieu : ce qui est « bon » et « juste ».
La visée est le Royaume de Dieu ; le salut est inscrit dans la création, mais pas dans la nature.
Ne confondons pas les catégories.
Sinon nous devons introduire le mal là où il n’a pas sa place, dans la nature.
Le mal, c’est un autre regard sur la nature, un regard contraire à la création, où contraire à ce salut inscrit dans la création.
Les miracles ne changent pas la nature, mais le regard sur la nature.
La nature « est », la création reçoit « ce qui est » comme don et en fait nouvelle création ; pour cela il faut changer d’esprit.
La nature ne connaît pas d’esprit, ni des esprits, seulement des forces.
Faire des forces anges ou démons est une question d’esprit, du bien ou du mal, Esprit saint ou esprit malsain, sale ou mauvais.
Miracle, salut, il y a quand il y a changement d’esprit, du sale au saint.
Chasser les démons est chasser cet esprit qui ne voit pas en ce qui est donné ce qui est bon, chasser ce qui fait de ce qui est bon, bonne créature, démon : l’épileptique, le muet, l’autiste, le trisomique, le handicapé, l’homosexuel, le « tzigane », l’étranger, la femme (!), le fou, l’autre, … Dieu lui-même… en faisant de lui démon, Béelzéboul ou Satan (Luc 11).
« Homme » et « femme » (Genèse 1), rien d’autre que « moi » et « l’autre », l’autre comme moi, moi comme l’autre, l’autre quel qu’il soit … tel qu’il ou elle est …
Armin Kressmann 2019