J’ai de la peine à faire comprendre à mes collègues pasteurEs (EERV, Église évangélique réformée du canton de Vaud), notamment aux futurs doyens et doyennes, qui insistent largement sur l’écoute, que celle-ci pour être active a besoin d’une résonance, en l’occurrence théologique et déontologique; écouter ne peut que celui qui parle. Il est donc nécessaire que nous renouvelons et actualisons ensemble notre déontologie pastorale, afin que celle-ci fasse du silence de l’écoute une parole pour celui ou celle qui se confie.
Klauspeter Blaser, dans son livre « Les théologies nord-américaines » (Labor et Fides, Genève 1995, p. 113ss), quand il parle de la théologie de David Tracy qui veut dépasser le paradigme libéral (« revisionary »), dit :
« En définitive, pour l’expérience dialectique du dévoilement et du voilement (disclosing – concealing), le discours dialectique comme le silence pourrait s’avérer être la forme d’expression la plus adéquate. Comme pour les mystiques, le silence pourrait en fait être le mode le plus adéquat du discours religieux. Mais le silence n’est possible que pour celui qui parle. Toute expression religieuse est langage que nous devons interpréter. C’est ici que le théologien entre en jeu. »
Le silence n’est possible que pour celui qui parle !
La croix en est la forme ultime, Dieu lui-même se tait, et il peut le faire, parce que tout est dit.
Armin Kressmann 2017