Le grand projet Sainte-Claire Vevey … et c’est parti
Son propre site Internet Sainte-Claire Vevey
Sainte-Claire Vevey (EERV, Église évangélique réformée du canton de Vaud, Suisse) – Quelques textes
Dès cet automne 2017, l’église de Sainte-Claire à Vevey (Vaud, Suisse) est réhabilitée ; l’orgue est restauré, les activités cultuelles et culturelles reprennent. Ce qui s’y vivra, d’après le projet tel que je l’ai compris, se veut consciemment ouvert, participatif et expérimental. Le « classique », – terme utilisé par les autorités de notre Église pour désigner le culte traditionnel réformé axé sur la prédication et une liturgie de sainte cène, mais j’y associe aussi les activités culturelles comme les concerts et les expositions conçues et réalisées du « haut », un ensemble plutôt élitaire, voire élitiste -, devra s’inscrire dans une diversité d’approches cultuelles et culturelles mettant l’accent d’avantage sur une entrée en matière vers le « bas ». Les participants seront invités à s’associer à l’élaboration des manifestations. En plus, chacun, chacune, – hommes et femmes, enfants, jeunes et vieux, bien-portants ou mal-en-points, riches ou pauvres, croyants ou doutants -, devra s’y retrouver1. Non pas au public de s’adapter à ce qui est proposé, mais aux célébrants et artistes à s’adapter au public. Sainte-Claire se veut consciemment ouverte et inclusive. Des spiritualités diverses auront leur place et devront cohabiter, aucune ne pourra revendiquer la « vérité ».
J’espère que cela se réalisera et que nous pourrons ainsi répondre aux aspirations de ce qui a été exprimé par ce terme de « multitudinisme », encore utilisé au début de mes études, mais abandonné par les discours et réflexions actuels :
« Le multitudinisme désigne, dans sa principale acception, l’attitude et le statut d’une Église protestante qui se donne pour mission de s’occuper spirituellement de l’ensemble d’une population sans que celle-ci n’en soit forcément membre. C’est le principe d’une Église ouverte à tous, même sans religion d’État. » (wikipédia 24.7.17)
En premier lieu il ne s’agira donc pas de répondre à une « société liquide », tel que défendu par nos autorités d’Église2 et dénoncé par certains milieux, mais de revenir à cet ancien principe biblique cher aux protestants et revalorisé par Alexandre Vinet qui a forgé ce terme il y a presque 200 ans :
« Jésus appela ses disciples et leur dit : « J’ai pitié de cette foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi, et ils n’ont pas de quoi manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun : ils pourraient défaillir en chemin. » » (Matthieu 15,32)
Comment le faire aujourd’hui où l’individualisme est devenu une réalité dont nous devons tenir compte positivement, donc comme donnée incontournable ?
C’est ça l’enjeu qui se présentera aux acteurs et responsables du projet « Sainte-Claire Vevey ».
Voici les pistes, à développer dans les prochains articles :
- « Une Église expérimentale, c’est-à-dire sujette à une expérimentation permanente, réalité provisoire toujours à refaire, à réajuster. » (selon Paul Tillich3)
- Qui ne se comprend pas comme porteuse et garante d’une vérité éternelle
- Mais s’inscrit dans la diversité des expressions de foi (chrétienne) qui, elle, reste inaccessible comme telle aux institutions Églises
- Mais s’exprime dans de multiples formes concrètes (« Gestalten » ; ou « langages » avec leurs grammaires propres, dirait George Lindbeck) en tension et dialogue les unes avec les autres
- Formes auxquelles Sainte-Claire reste ouverte
- Tout en préservant un noyau de convictions axiomatiques
- Celles-ci issues de la bible
- Et servant de clé de lecture pour l’ensemble de la bible et de la vie
Armin Kressmann 2017
1Certains parleraient « d’accueil radical ».
2Le terme « multitudinisme » ne figure pas dans le document programmatif du Conseil synodal voulant répondre aux défis de la « société luiquide ».
3Klauspeter Blaser ; Les théologies nord-américaines ; Labor et Fides, Genève 1995, p. 76