EERV, Église évangélique réformée du canton de Vaud, y a-t-il vraiment danger de mort ?

Lettre ouverte à mon Église.

C’est un drame, c’est vrai. Et souffrances il y a, donc scandale ; c’est vrai aussi. Il y a tout en tout, au point que plus personne ne sait par quel biais amorcer ce que tout le monde souhaite : réconciliation, paix, sérénité et recentrage sur ce qui compte au-delà de notre drame, recentrage sur le drame d’un monde en souffrance auquel nous sommes censés annoncer la bonne nouvelle de la paix en Jésus Christ, l’annoncer et tout faire pour que celle-ci puisse aussi se réaliser. Notre drame, celui de notre Église, pointe-t-il vraiment ce drame, au-delà de notre drame, le drame de la croix ?

Y a-t-il danger de mort ?

Voilà la question dont la réponse détermine tout, devrait tout déterminer, la suite, toute la suite, les actions et les réactions des uns et des autres, et particulièrement de ceux et celles qui détiennent le pouvoir. Si danger de mort il y a, le pouvoir, pour ceux et celles qui détiennent le pouvoir, le pouvoir d’inclusion et d’exclusion, leur pouvoir serait, deviendrait, pouvoir sur la vie et la mort, un pouvoir qui ne leur appartiendrait pas ; ce pouvoir, une évidence pour tout un chacun qui se réclame de près ou de loin chrétien, ce pouvoir devrait être remis à celui auquel il appartient. Il ne peut pas avoir de raisons, de bonnes raisons, d’exercer ce pouvoir, ici chez nous, dans notre Église. Le pouvoir aurait le devoir de s’incliner, de revenir sur ses décisions et de remettre tout, donc la vie et l’avenir, à celui auquel appartient le pouvoir sur la vie et la mort. En ce cas-là, les fautes commises, dont on sait qu’ils n’étaient pas pénales, – c’est en tout cas ce qu’on nous a toujours confirmé -, ne pourraient pas être assez graves pour mettre des vies en danger. Si notre drame est tragédie, une telle tragédie, Messieurs et Mesdames Conseillers synodaux, cherEs frères et sœurs en Jésus Christ, reculez, je vous en supplie, revenez à l’humilité ! Ainsi, l’Évangile l’emporterait sur la Loi, ce qui conviendrait à une institution qui se veut Église.

Maintenant, il est là, dans l’église, dans le culte, au milieu de sa communauté, sur sa chaise longue et il fait une grève de la faim. Je l’ai vu. Le symbole est fort, il convoque la vie et la mort. La chaise longue, est-ce civière ? Que voyons-nous ? Lazare, vraiment ?

Lazare ou le fou, le fou du roi ?

Quand je vois le fou, et j’aimerais voir celui-ci, le drame ne serait plus tragédie, mais comédie ou tragi-comédie. S’introduirait dans notre drame l’humour et l’humour un peu de distance, assez peut-être pour que les uns et les autres puissent retrouver le recul nécessaire pour se regarder soi-même et regarder leur vis-à-vis dans un jeu qui ne fait pas seulement pleurer, mais aussi sourire. Et si on commençait à sourire ensemble, on ne pourrait plus tenir obstinément sa position, on pourrait peut-être la relativiser et revenir sur sa détermination et ses décisions. Alors, cherEs frères et sœurs, souriez un peu, s’il vous plaît !

Vous voyez, dans un cas et dans l’autre, dans la tragédie ou dans la comédie, si on ne veut pas jouer Dieu, à mon avis, une sortie honorable, pour les uns et les autres, serait possible.

Finalement Dieu, n’est-il pas plus grand, trop grand pour que nous rejouions la tragédie qui ne nous appartient pas ?

N’avez-vous pas la grandeur et la sagesse, ne les avons-nous pas, les uns et les autres, pour ne pas avoir besoin d’aller jusqu’au bout, jusqu’à la mort ? Tragi-comédie, ne nous suffit-elle pas, ne pouvons-nous pas faire semblant, faire comme si la vie était une comédie ? Sourire ensemble, même rire, chanter et nous tourner ensemble vers celui qui détient le pouvoir, tout le pouvoir, être Église et rire sur nous-mêmes ? Pourquoi nous les protestants devons toujours être vrais, vrais jusqu’à la mort ? Nous savons que celle-ci aura, dans ce monde, le dernier mot, mais notre foi ne croit-elle plus à un autre monde, un monde où le rire l’emporte sur les pleurs ?

Je nous invite à tromper la mort, et tromper la mort, pour moi, est résurrection.

Armin Kressmann 2016

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