Les fêtes chrétiennes nous disent : « Vivre vaut la peine, allez-y ! Vivez ! »

« Au fil de la vie – Pierrot découvre les fêtes chrétiennes »

Un livre sur les fêtes et les rites chrétiens, – les grands passages de la vie que sont la naissance, l’adolescence, le mariage et la mort ; particulièrement adapté aux familles, illustrations Amélie Buri

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Les passages de la vie et les fêtes chrétiennes

Une révision d’articles plus anciens

Là où nous vivons nos voisins sont peut-être Suisses ou étrangers, nous ne le savons même pas, hommes et femmes, jeunes et vieux, mariés ou célibataires. Ils parlent français ou une autre langue, ils vivent seuls ou avec quelqu’un d’autre, homme ou femme, avec des enfants ou non, en famille traditionnelle, monoparentale ou recomposée. Ils vont bien ou ont des problèmes plus ou moins graves ; comme nous.

Notre société est colorée. C’est ainsi.

Qu’est-ce qu’ils croient, de quelle religion sont-ils, quelles sont leurs préférences politiques, culturelles ? Même à la campagne on ne le sait plus forcément. Cependant, quand fête il y a chez nous, nos voisins y participent aussi, à leur manière peut-être, avec leur conviction. C’est ainsi et c’est bien ainsi. Parce que les fêtes structurent la vie et pointent le sens de la vie, et de la mort. Parlons donc des fêtes, en l’occurrence chrétiennes, et de ce qu’elles signifient, même au-delà du religieux. Elles peuvent faire sens pour tout le monde.

Qu’est-ce que c’est le religieux ? Il nomme et célèbre une instance ultime au-delà de la vie humaine, « Dieu », et cela dans un cadre institutionnel qu’on appelle Églises, assemblées ou communautés, avec leurs fondements, leurs structures, leurs convictions et leur rites respectives. Il dit que l’être humain n’est pas tout-puissant ; il dit qu’il y a quelque chose, ou quelqu’un, selon les croyances, qui le dépasse, et si ce n’est que la mort. Au moins, reste toujours la question de la mort et, par conséquent, la question de la vie.

Ainsi nous avons fait ce livre parce que nous croyons que les fêtes chrétiennes ont une valeur spirituelle indépendamment de la foi en Dieu. Dans le temps, dans l’espace et dans l’esprit elles apportent des réponses à des questions que soulève notre confrontation avec la vie et la mort, le bonheur, le malheur et la souffrance, le juste, l’injuste, les conflits et la paix, la haine et la violence, l’origine et l’au-delà, finalement des pistes pour scruter le sens de la vie.

Au fond il s’agit d’amour. La seule force qui peut vaincre la mort. Parlons donc d’amour, avec les fêtes chrétiennes. Et quand nous parlons d’amour, nous ne parlons pas seulement d’amitié et d’affection, mais d’acceptation et de respect inconditionnel, donc, dans un langage plus philosophique, de respect de la dignité humaine.

Ce que nous vous proposons aussi, indépendamment de vos convictions, c’est de lire cet autre livre qui s’appelle « Bible » – mot qui vient du grec et qui veut dire « le livre ». Il parle de l’être humain ; il parle de nous, devant ces questions que soulève la confrontation avec la vie et la mort … Une entrée pour la lecture sont les passages cités par la suite.

Le dimanche

Le dimanche est censé être un jour de repos, un temps de recul, une invitation à faire un bilan de la semaine écoulée et à regarder son travail et sa vie. C’est aussi un moment pour se préparer au lendemain et à une nouvelle semaine, à ce que nous réserve l’avenir.

Source biblique : « Le ciel et la terre et tous les éléments furent achevés. Dieu acheva au septième jour l’œuvre qu’il avait faite, il arrêta au septième jour toute l’œuvre qu’il faisait. Dieu bénit le septième jour et le consacra. » (Genèse chapitre 2, versets 2-3) et « N’ayez pas peur … Vous cherchez celui qu’on a cloué sur une croix. Il n’est pas ici, il s’est réveillée de la mort … il vous attend en Galilée. » (Évangile selon Matthieu, chapitre 28, versets 5 à 7, traduction en français fondamental).

Sens biblique : reprise et réinterprétation du septième jour de la création, jour de repos, jour du Seigneur, jour de bénédiction pour l’œuvre accomplie d’un côté, de l’autre côté, suite à la croix et grâce à elle, perspective nouvelle et réorientation vers un avenir libéré du poids du passé .

Signification : « Jour du Seigneur », un jour mis à part et consacré à Dieu, donc face à l’ultime ; premier jour de la semaine, commencement d’une nouvelle création, dans une perspective de libération et de liberté responsable.

Fonction pédagogique et éducative : Le dimanche rythme et ritualise la semaine. C’est un jour de repos et de prise de distance par rapport à l’œuvre hebdomadaire accomplie et aux difficultés rencontrées dans le quotidien. C’est une invitation à reconnaître la valeur de sa vie et de son travail : « Je suis précieux, nous sommes précieux, la vie est précieuse », quelques soient les aléas de la vie. Ainsi, conscient de sa liberté et de sa responsabilité on peut affronter l’avenir avec confiance.

La confirmation

La confirmation est un rite qui se vit vers la fin de la scolarité obligatoire et qui rappelle aux jeunes et à leurs familles la bénédiction de chaque vie ; pour les jeunes c’est une occasion d’y répondre personnellement.

Source et sens bibliques : il n’y a pas de texte biblique qui parlerait explicitement de la confirmation. Cependant, une multitude de passages évoquent les deux dimensions de la confirmation : la grâce ou l’amour que Dieu accorde aux humains (notamment les Béatitudes1, Évangile selon Matthieu, chapitre 5, versets 1-12) et l’invitation adressée aux humains à y répondre, en paroles et en actes. Centrale est la question que Jésus pose à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (évangile selon Matthieu, chapitre 16, verset 15).Confirmation veut donc dire confirmation mutuelle de l’alliance que Dieu, dans la foi chrétienne, a nouée avec l’être humain.

Signification : « La confirmation porte sur les vœux du baptême. Elle peut être comprise dans deux sens : soit elle rappelle la grâce attachée au baptême, soit elle est l’occasion d’un engagement explicite »2 de celui ou de celle qui arrive au bout de son catéchisme (enseignement religieux). C’est aussi un rite de passage vers l’âge adulte.

Fonction pédagogique et éducative : sur le chemin vers l’autonomie la confirmation est un rite qui accompagne et facilite le passage de la jeunesse à l’âge adulte. Désormais, symboliquement, il faut prendre sa vie en main et assumer ses propres responsabilités, aussi en surtout en matière politique et en matière religieuse. Cependant, « confirmation » il devrait avoir chaque jour, prise de position face à des questions ultimes et face à ce que nous reconnaissons comme instance ultime. Qui est votre Dieu ? Comment est-il ? Et quel engagement prenez-vous à son égard ? Les questions sont posées et tout le monde a un Dieu, consciemment ou inconsciemment, soit-il majuscule ou minuscule : l’argent, le sport, la santé, l’amitié, la vie, le bonheur ou ce Dieu qui, pour les chrétiens, s’est manifesté en Jésus Christ.

Le baptême

Le baptême est un signe visible d’une conviction profonde que nous sommes aimés par quelqu’un qui nous précède et nous dépasse. Cet amour est gratuit ; il ne pose pas de conditions, c’est un don gratuit, il est de l’ordre de la grâce.

Source biblique : “ Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.” (évangile selon Matthieu, chapitre 28, verset 19) ; “ Alors paraît Jésus, venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. Jean voulut s’y opposer : « C’est moi, disait-il, qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! ». Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » Alors, il le laisse faire. Dès qu’il fut baptisé, Jésus sortit de l’eau. Voici que les cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. »” (évangile selon Matthieu, chapitre 3, versets13 à 17)

Sens biblique : le baptême signifie l’appartenance à Dieu en Jésus Christ3 et le pardon que Dieu accorde à ceux et celles qui sont baptisés, c’est-à-dire reconnus comme « enfants de Dieu », faisant ainsi visiblement et explicitement partie de son Église4.

Signification : le baptême dit que tout être humain, baptisé ou non, est sujet d’amour ; il est aimé et est invité à aimer. C’est le baptême qui réunit tous les chrétiens.

Fonction pédagogique et éducative : en général, l’amour humain touche à ses limites, même celui d’une mère ou d’un père. Solitude et désespoir peuvent en être les conséquences. L’appartenance à la communauté des baptisés renvoie à une instance d’amour au-delà de tout effort humain, l’amour en soi, l’amour inconditionnel, le fait d’être aimé quelque soient les conditions de vie. Cette conviction appelle à une réponse, l’amour mutuel, au-delà de tout ce qui est affectif ou biologique. Cet amour-là est raisonnable : « Écoutez-le ! » (évangile selon Luc, chapitre 9, verset 35)

Pâques

Le temps de Pâques est composé de plusieurs périodes : la préparation à Pâques (temps de la Passion ou Carême), la Semaine sainte avec Jeudi saint, Vendredi saint et le Dimanche de Pâques, puis le temps après Pâques. L’ensemble nous confronte à la question de la mort et du sens de la vie.

Le temps de la Passion ou le Carême : nous savons que nous devons tous mourir et cela nous fait peur et nous angoisse même.

Source biblique : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté se réalise. » (évangile selon Matthieu, chapitre 26, verset 42)

Sens biblique : la vie est un chemin où croix (déceptions désespoir, deuils, séparations et mort) et vie nouvelle (relèvement, « renaissance », « résurrection ») se succèdent. Même l’ultime, Dieu lui-même, en Jésus Christ, l’assume et décharge ainsi l’être humain de ce fardeau.

Signification : dans ce temps de préparation au « baptême », à la « nouvelle naissance », faire son « chemin de croix » en revivant les étapes de la passion du Christ.

Fonction pédagogique et éducative : la condition humaine est une vie consciemment vécue à l’horizon de la mort, sans que celle-ci prennent une emprise sur tout. La vie vaut être vécue, malgré et contre tout. Et ce n’est pas à moi de porter tout, je peux partager mes soucis et mes souffrances.

La Semaine sainte : comment accompagner celui ou celle qui est seul ?

Source biblique : « Je ne connais pas cet homme. » (évangile selon Matthieu, chapitre 26, verset 72)

Sens biblique : Jésus est sur le chemin de la croix ; il affronte celle-ci lucidement. Ses disciples, notamment Pierre, la renient.

Signification : la passion du Christ est emblématique pour toute vie humaine.

Fonction pédagogique et éducative : la communauté, exposée au risque d’éclatement, est invitée à se rappeler de l’essentiel et à se concentrer sur celui-ci : dans la mort nous sommes seuls, mais cette certitude nous unit et nous invite à accompagner celui ou celles qui, dans sa solitude, doit affronter la mort et tout ce qui est lié à la mort.

Jeudi saint : l’amour nous précède

Source biblique : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » (évangile selon Matthieu, chapitre 26, verset 26)

Sens biblique : Jésus partage son dernier repas avec les siens, les Douze, les « disciples » ; il instaure la sainte cène (pour les protestants) ou l’eucharistique (donc la messe pour les catholiques).

Signification : institution du « repas du Seigneur » (cène ou eucharistie, qui constitue avec le baptême les deux sacrements fondamentaux de l’Église chrétienne ; à travers ces deux sacrements l’Église elle-même se constitue) ; d’autres moments fondateurs de l’Église vont suivre, notamment le repas à Emmaüs (évangile selon Luc, chapitre 24).

Fonction pédagogique et éducative : l‘au-delà se joue ici : dans le partage du « pain », issu du quotidien, le repas communautaire, ce qui est inexprimable, le lien par excellence, est rendu manifeste et tangible ; l’invisible devient visible. L’ultime se donne et la rencontre définitive avec l’ultime est anticipée. Cependant, pour ne pas confondre ce moment avec l’ultime, le chrétien est invité à ne pas confondre le support du sens, le pain ou l’hostie, avec le sens lui-même, c’est-à-dire le salut en Jésus Christ. La réponse est déjà donnée, avant même de la partager symboliquement dans le repas ; l’amour précède le baptême, et le baptême précède la cène ou l’eucharistie. La grâce est première, tout est donné, l’essentiel ne se mérite pas. Dieu, l’ultime, dans la foi réalité qui dépasse les possibilités humaines, politiques et même religieuses, veut que nous soyons heureux.

Vendredi saint : la mort, a-t-elle le dernier mot ? Est-ce la fin ?

Source biblique : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (évangile selon Matthieu, chapitre 27, verset 46)

Sens biblique : la crucifixion et la mort de Jésus.

Signification : « Pâque de la crucifixion » ; la croix du Christ, Fils de Dieu, lui-même angoissé par la mort ; il l’assume et la vainc par la même.

Fonction pédagogique et éducative : devant la mort nous sommes tous impuissants. L’ultime partage cette impuissance ; c’est ici qu’il se rend « visible », se fait voir, dans la souffrance humaine. Dans l’accompagnement, être là est la seule possibilité qui nous reste ; partager l’impuissance. Enfin, reste la question : la mort, a-t-elle le dernier mot ? Et qui meurt, quand mort il y a ? Silence … Samedi saint, ce jour entre-deux qui exprime la perplexité et la stupéfaction de l’événement terrifiant. Avec chaque mort le cours du monde s’arrête, ceux et celles qui en sont touchés sont « hors vie » ; celle-ci est bloquée.

Dimanche de Pâques : la mort, est-ce la fin ou la vie est-elle plus forte que la mort ?

Source biblique : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. » (évangile selon Matthieu, chapitre 28, verset 6)

Sens biblique : le tombeau où on avait mit le corps de Jésus (le cadavre) est vide ; la foi chrétienne reconnaît en ce vide la résurrection de Jésus Christ.

Signification : « Pâque de la résurrection », « rien à voir », « le Christ est ressuscité », il vit et a vaincu la mort. C’est une question de foi ; la « gloire » est invisible. Nous sommes ici au centre de la foi chrétienne, le mystère fondamental de la foi chrétienne : la force de la faiblesse a brisé la force de la mort ; c’est la puissance de l’impuissance et de la non-violence, finalement de l’amour. C’est le tournant décisif de toute l’histoire (humaine).

Fonction pédagogique et éducative : le vide et les angoisses du vide constituent une matrice pour une nouvelle naissance, une co-naissance : la personne du défunt n’est pas dans la tombe, « il n’est pas ici ». L’acte de foi est croire sans voir. Croire, en qui, en quoi ? Tenir au matériel est vain. Il n’y rien à voir, l’important se croit : la vie est plus forte que la mort. Ainsi, croire devient raisonnable.

Les funérailles ou le service funèbre

La mort n’a pas le dernier mot : la vie est plus forte que la mort.

Source biblique : « A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. » (Livre de la Genèse, chapitre 3, verset 19) « Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l’ignorance au sujet des morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à Jésus les réunira. » (Première lettre de Paul adressée aux Thessaloniciens, chapitre 4, versets 13 et 14). « Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. Or, voir ce qu’on espère n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment l’espérer encore ? » (Lettre aux Romains, chapitre 8, verset 24)

Sens biblique : la vie est donnée par Dieu ; elle vient de lui et elle revient à lui. Qui se remet à Dieu, qui est vie, vit, toujours. En Dieu, – le Christ Jésus -, la mort est vaincue.

Signification : comme Dieu, la vie est un mystère, qui ne se résout qu’en Dieu, « au ciel ». Ici, « sur terre », la limite de la mort est absolue ; à l’être humain elle impose l’humilité, elle l’invite à renoncer à tout rêve de toute-puissance humaine (l’hybris). Vivre est donc une question de foi et de confiance, malgré et contre la mort et toutes les réalités que représentent celle-ci (le mal).

Fonction pédagogique et éducative : les funérailles ou le service funèbre permettent aux survivants de remettre le défunt au mystère de la vie (de Dieu) et de passer eux-mêmes symboliquement5 de tout ce qui les bloquerait dans la mort vers la vie, donc de la mort à la vie. Ils disent la vie et la foi en la vie : la « résurrection », l’espérance contre et malgré tout.

Le mariage et la bénédiction des couples

Tout est bénédiction. Que voulez-vous d’autre quand amour il y a. C’est ici que l’affectif rejoint la foi et cet autre amour auquel croit la foi, l’amour inconditionnel qui n’est plus affectif, mais objectif6.

Source biblique : la bible parle souvent de vie entre homme et femme, mais elle n’institue pas le mariage. Dans les premières pages déjà elle dit que Dieu crée l’être humain comme deux êtres sexués, homme et femme, qu’il les bénit et qu’il les charge de prendre soin de toute la création : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la.7 » (Livre de la Genèse, chapitre 1, verset 27 et 28).

« Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Livre de la Genèse, chapitre 2, verset 24)

Sens biblique : la relation dans le couple conjugal est une image pour toute alliance8, aussi celle entre Dieu et l’être humain, Dieu et son Église.

Signification : deux piliers soutiennent toute relation, l’affectif et la reconnaissance publique et institutionnelle. Le mariage au civil manifeste cette deuxième dimension, le culte amène le couple à ce qui dépasse celle-ci. L’union conjugale mérite d’être bénie et d’être vécue comme une bénédiction, c’est-à-dire un cadeau. Devant ses limites on peut la remettre à Dieu, l’amour en personne.

Fonction pédagogique et éducative : à l’image du mariage, toute relation est un projet et en tant que tel fragile. L‘amour ou la bénédiction et la protection par l’État et la loi (l’institution), les deux sont nécessaires et se soutiennent mutuellement.

Noël

Chaque enfant est un cadeau du ciel. D’ailleurs, que tu sois enfant ou que tu ne le sois plus : toi aussi !

L’Avent : Qu’est-ce que j’attends de ma vie ? Que vais-je reprendre et honorer ?

Source biblique : « Elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple. » (évangile selon Matthieu, chapitre premier, verset 21)

Sens biblique : attente du Messie, le sauveur d’Israël et de toute l’humanité. Mise en place du « paysage », annonciations, de la naissance de Jésus et de celui qui l’annonce le pointe lui-même, Jean Baptiste.

Signification : temps de l’attente et de l’espérance. Annonce d’une nouvelle naissance et du salut pour tout un chacun.

Fonction pédagogique et éducative : se rendre compte de l’ambivalence de l’attente, marquée par l’espoir et l’appréhension, entre le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité. Assumer et surmonter les résistances multiples dans la réalisation des projets humains.

Noël : l’essentiel se joue ici et maintenant, dans les petites choses, là où je suis et face à autrui, quel qu’il soit. Et c’est bien ainsi.

Source biblique : « ll vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un sauveur qui est le Christ seigneur : et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (évangile selon Luc, chapitre 2, les versets 11 et12)

Sens biblique : naissance de Jésus de Nazareth, fils de Marie et de Joseph, Christ – Messie, l’oint de Dieu, Fils de Dieu, dans une crèche, à Bethléem. Dieu présent, « sur terre ». La crèche comme symbole de l’humilité et de l’humanité de Dieu.

Signification : l’incarnation, Dieu parmi nous, Emmanuel, la lumière dans les ténèbres. L’ultime rejoint l’être humain dans sa condition de vie humaine. Une naissance misérable porteuse d’espérance, de salut et de guérison.

Fonction pédagogique et éducative : la solidarité et le soutien mutuel sont possibles, même et surtout dans les conditions de vie marquée par la fragilité et la vulnérabilité. Dépasser l’asymétrie dans les relations ; ce n’est pas la force, ni la richesse ou l’intelligence, le statut social ou la renommée qui font de nous des êtres de « qualité » ; celle-ci vient d’ailleurs et nous transcende, pour les chrétiens elle vient « de Dieu ».

Pentecôte

L’Ascension : l’essentiel, ne le confondez pas avec l’au-delà ; il se joue ici et maintenant …

Source biblique : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » (Livre des Actes des Apôtres, chapitre premier, verset 11)

Sens biblique : l’Ascension du Christ, sa disparition dans une nuée et son passage « vers Dieu le Père ».

Signification : le pendant de Noël, Dieu absent, « dans le ciel », le Christ Sauveur « à la droite de Dieu le Père ». Il nous dit : « Lâchez-moi les baskets  ».

Fonction pédagogique et éducative : l’œuvre de paix est rendue à la responsabilité humaine, dans un régime de confiance et de grâce. C’est ici où se joue ce qui est de l’ordre du devoir, donc de la morale9, de l’éthique10 et de la déontologie11.

Pentecôte : l’essentiel … se joue dans la relation …

Source biblique : « Ils furent tous remplis d’Esprit Saint … » (Livre des Actes des Apôtres, chapitre 2, verset 4). « Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié. » (Livre des Actes, chapitre 2, verset 36). « Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. » (évangile selon Jean, chapitre 20, verset 29)

Sens biblique : la venue du Saint Esprit qui se pose sur ceux qui se « (re)trouvent tous ensemble » (Actes, chapitre 2, verset 1).

Signification : le don de l’Esprit Saint, « Paraclet »12, avocat de Dieu devant l’homme et de l’homme devant Dieu. L‘Esprit est le tiers absent-présent dans nos relations, le garant de la relation, la relation même, son « esprit », ce qui fait la qualité de la relation, le lien, l’entre-deux.

Fonction pédagogique et éducative : reconnaître une présence autre dans nos relations, quelque chose ou quelqu’un qui les dépasse et les porte, celle de l’ultime, de ce qui les « anime »13 ; « l’animation » de la vie même, de cette vie qui est autant « corps », physique et biologique, « qu’esprit ou âme ». Pentecôte met l’accent sur la dimension spirituelle de la vie humaine. Dans quel esprit voulons-nous vivre nos relation, nos accords et désaccords, nos amitiés et nos conflits ?

Le temps ordinaire, le temps entre les grandes fêtes chrétiennes

De Noël au temps de la passion (Carême) : le cycle de vie du Christ : le divin est humain, afin que l’humain soit un plus divin.

Source biblique : « Il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme : il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. » (Lettre de Paul aux Philippiens, chapitre 2, les versets 7 et 8) « Puis, parcourant toute la Galilée, il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Règne et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. » (Évangile selon Matthieu, chapitre 4, verset 23)

Sens biblique : vie et mort de Jésus de Nazareth, humain comme nous, sa prédication, ses actes de puissance, son annonce de l’imminence du « royaume de Dieu ».

Signification : l’ultime, l’absolu rejoint la condition humaine (le relatif) dans toute sa tragédie et l’assume avec les humains.

Fonction pédagogique et éducative : le dépouillement, – donc la suspension (pas le reniement !) -, de toute compétence (« je sais, je peux, il n’y a qu’à … ») devant des situations de vie extrêmes pour devenir, en situation, simple humain devant l’humain (la sollicitude). C’est dans la vie quotidienne et dans les choses les plus simples et apparemment insignifiantes que les grands enjeux de la foi, les « miracles », se jouent et se décident. C’est dans les actes que les convictions sont mises à l’épreuve et non pas dans les déclarations verbales.

De Pentecôte à l’Avent : je suis membre d’un corps : persévérer, parce j’y crois. Je vis. Merci.

Source biblique : « J’estime en effet que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. » (lettre de Paul aux Romains, chapitre 8, verset 18). « C’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (évangile selon Jean, chapitre 9, verset 3). « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père. » (Évangile selon Jean, chapitre 14, verset 12)

Sens biblique : quelle vie voulez-vous vivre, devant Dieu, comme individus et comme collectifs (assemblée, communauté, « Église », corps du Christ) ?.

Signification : « Devant Dieu et avec Dieu vivre sans Dieu. » (Dietrich Bonhoeffer). L’homme responsable répond aux exigences de la vie comme si Dieu n’existait pas, tout en sachant cependant, qu’il n’est pas maître de tout ; donc, il le fait, au contraire, même en tant « qu’incroyant », comme si Dieu existait. Et celui qui n’a pas la capacité de discernement pour être à la hauteur de cette attente peut se remettre avec confiance à l’autre, à celui ou à celle qui a cette capacité.

Fonction pédagogique et éducative : la condition humaine ; l’être humain, quel qu’il soit, « en situation de … », dans la mesure de ses capacités, est « responsable » de sa parole et de ses actes devant l’ultime. Quel est ton souci ultime ? Quelle est ton appartenance (ton maître, ton seigneur, ta « patrie », la terre ou le ciel ?). Une invitation à se remettre et une « garantie » à pouvoir se remettre à autrui, à l’autre et finalement au tout-autre et de pouvoir cheminer avec lui, malgré et contre toute apparence.

Armin Kressmann 2015

1 Si place il y avait, on pourrait les faire figurer

2 Encyclopédie du protestantisme

3 Ce qui est la sainteté, celle-ci en lien indirecte seulement avec une quelconque morale.

4 A priori à ne pas à confondre avec une Église instituée comme l’Église catholique, orthodoxe ou protestante.

5 Par le rite, comme un pont ou une charnière.

6 Dont l’amour de l’ennemi représente la forme ultime et accomplie.

7 « assujettissez-la » Dans une pensée moderne cela veut dire en faire sujet face à l’homme, c’est-à-dire de lui rendre un statut propre, une dignité propre face à l’homme.

8 Relation basée sur une confiance mutuelle.

9 L’éthique personnelle et communautaire

10 Universelle

11 L’éthique professionnelle

12 Évangile selon Jean ; « paralètos », en grec, veut dire « avocat », « celui qui aide »

13 « animus » en latin veut dire « âme », « esprit », « force de vie », « conscience, volonté, désir »

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