L’Église ne peut jamais être catholique – Éthique procédurale ou éthique chrétienne ?

Est-ce que mes considérations sur l’inclusion et l’exclusion en Église, notamment l’EERV, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, nous mènent à une éthique purement procédurale, loin d’une éthique chrétienne ?

J’espère que non, et ce qui me fait ne pas le penser est la finalité ultime que je maintiens : la personne. Celle-ci, si sa personnalité est reconnue, dans sa personnalité ultime, porte un nom : prénom et nom de famille – Adonaï/SEIGNEUR de la Traduction oecuménique de la bible (le tétragramme du prénom inprononçable du Dieu judéo-chrétien), l’unique, lointain et proche, et Élohim, Dieu, Seigneur pour la TOB, réalité absconse. Il se fait reconnaître, pour moi, chrétien j’espère, en cette personne qui s’appelait Jésus de Nazareth, toujours réelle et présente, pour moi, en celui que j’appelle avec d’autres, ce qui se revendiquent chrétiens comme et avec moi, le Christ. Et personnalité veut dire, rencontre possible, avec lui et tout un chacun, aussi différent de moi et des autres qu’il soit, chrétien ou non. Licenciement devient impossible. Comment signifier cela dans une institution, donc une organisation comme l’Église qui fonctionne selon des règles humaines, et non pas divines ? L’Église organisation divinement régulée est invisible et appartient au Royaume ou Règne de Dieu (pourtant, je me sens proche d’un Leonhard Ragaz, donc d’un christianisme social, mais ce serait à discuter), donc au-delà de ce qui est positivement discernable1. Au moment où nous la discernons elle nous échappe déjà. Toute théologie qui tend vers elle, tout en respectant le fait de ne jamais pouvoir la réaliser, est négative. L’Église, celle qui veut exister, s’organiser et se rendre manifeste comme institution, ne peut jamais être catholique, « universelle ». Et voilà, moi aussi exposé à la contradiction : l’église, en minuscule, aussi catholique qu’elle veuille être, parce que jamais elle ne le sera, en situation de licenciement …

Mais tout cela ne parle pas contre l’œcuménisme, la volonté de dialoguer, au contraire ! C’est même un impératif, parce qu’aucune Église est catholique.

Armin Kressmann 2015

1 Comme d’habitude, un paradoxe : Dieu proche et lointain, déjà et pas encore, visible et invisible, etc. … ce qui compte est de ne pas confondre les deux, donc, comme toujours, respecter le reste.

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