Dans nos Églises, pour chaque dimanche, nous est proposé un passage d’un des quatre évangiles¹ (selon ce qui s’appelle un lectionnaire). En cette année-ci², nous lisons l’évangile selon Matthieu. Pour l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) cela donne :

En gros, le contexte biblique est le suivant :

L’ensemble est à lire à partir et à la lumière de la reconnaissance de Jésus comme Christ par Pierre (Mt 16,13-20), de la Transfiguration de Jésus (Mt 17,1-9) et des trois annonces de sa passion et sa résurrection (Mt 16,21-23 ; 17,22-23 ; 20,17-19). Elles marquent le passage du ministère d’enseignement (pastoral), de service et de guérison (diaconal) vers sa montée à Jérusalem (la croix et la résurrection).

« Dieu fait entrevoir la gloire mystérieuse de son Fils et exige des disciples qu’ils écoutent son enseignement. » (Traduction œcuménique de la bible, TOB, note par rapport à la Transfiguration)

Voici la structure de l’ensemble :

Gloire et Passion sont intimement entrelacées, autant pour le Christ que pour ceux et celles qui veulent le suivre, mais sans que l’une ne soit condition directe pour l’autre. Par contre, les deux découlent d’une réalité en principe simple, l’humilité (des enfants … de Dieu) dans le service. Celle-ci donne forme, « Gestalt », à la foi en ce Jésus de Nazareth Fils de Dieu et, par conséquent, accès au « Royaume des cieux ». Nous sommes devant la foi en action, la « fides qua creditur » de la tradition. Comme pour le petit enfant l’obéissance (« au père », soit-il mère ou père) passe avant la compréhension des enjeux qui se posent avec elle, la fidélité pourrait précéder la foi, le service la proclamation (cf. Mt 23,1-12, les invectives contre les pasteurs), la diaconie la prédication. A mon avis y réside la clé d’un christianisme universel qui dépasse le religieux. Accomplir la volonté de Dieu l’emporterait sur la foi « verbale ou dogmatique » en ce même Dieu (bibliquement la confession de Pierre reconnaissant en Jésus le messie de Mt 16,13-20 ; la « fides quae creditur » de la tradition). Faire la volonté de Dieu pourrait être en soi déjà confession de la foi, « profession », et en conséquence signifier l’appartenance à une Église universelle dépassant les Églises institutionnelles.

C’est dans ce contexte que nous devons lire le chapitre 18 de l’évangile selon Matthieu et tout ce qui concerne la discipline ecclésiastique qu’il traite.

Matthieu 18 (Mt 18), premières réactions – Le Royaume et la gestion de conflits

Armin Kressmann 2014