La résurrection du Christ comme fait

Et lisez le commentaire d’Olivier ; c’est beau.

– Le Christ est ressuscité.
– Il est historiquement, corporellement ressuscité !

Alléluia !

… a écrit une collègue sur facebook.

La résurrection du Christ à Pâques n’est pas un fait. Que j’y crois par contre, en est un.

C’est la foi qui sauve, pas la science.

C’est la raison pour laquelle nous, les protestants, n’avons pas besoin que le pain de la cène se transforme en corps du Christ avant même que la communauté l’ait partagé.

C’est la foi qui fait corps du Christ ; et l’action de l’Esprit.

Et c’est ainsi que le Christ est ressuscité à Pâques, vraiment ressuscité.

Ce détour, par la bible, la foi et la pensée, est nécessaire, par crainte de Dieu et respect de la science.

Qu’est-ce que se relever de la mort ? La dignité humaine  manifeste – Transfiguration et résurrection

Armin Kressmann 2014

 

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2 réflexions au sujet de « La résurrection du Christ comme fait »

  1. Cher Armin,

    Qu’est-ce qu’un fait?

    Je comprend la volonté de séparer les domaines de la connaissance comme tu le fais, mais je crois que c’est un rêve. Il n’y a pas de « fait » qui ne soit interprété; nous n’avons pas accès aux « faits brutes », même via « la science ». Notre perception des faits dépends de la théorie que nous habitons. (Les conflits en science, ce n’est pas uniquement de trouver une théorie que corrobore les faits, mais c’est de ce mettre d’accord sur quels sont les faits significatifs.)

    Cela ne nous empêche pas de dire que quelque chose est un fait, mais c’est un risque que je prends, un engagement de ma part, et pas un acte impersonnel et objectif de la pensée ou de la science. Et ce que ce soit pour dire « le Christ est ressuscité » ou pour dire « les disciples ont dit que le Christ est ressuscité »: dans le premier cas le risque est plus grand que dans le second, certes, mais il n’y a pas de différence qualitative entre les deux. Autrement dit, quand je dis « le Christ est ressuscité » je dis exactement la même chose que si je disais « J’affirme que le Christ est ressuscité » (pareil pour « les disciples ont proclamé la résurrection du Christ », qui est de facto synonyme stricte de « j’affirme que les disciples ont proclamés la résurrection du Christ ». Pareil pour « e=mc² », « nous sommes le 1er mai », etc.). Aucune mesure de science, de pensée, ou de méthode ne peut réduire cela.

    Et donc pour moi, Pâque c’est la joyeuse affirmation du fait de la résurrection du Christ. Même si certains ne voient pas ce fait, ou le nient, ou trouvent que c’est de la folie. Bien sûr, cela ne contredit en rien le fait que ce soit la foi qui sauve et non la science, on a juste une définition de « fait » différente.

    Accessoirement (et c’est une vraie question), si c’est la foi qui sauve et non la connaissance, pourquoi ce besoin urgent de venir vite corriger mon exclamation en ce glorieux jour de Pâques, de manière si impersonnelle? (comme deux autres commentaires dans la même ligne) Comme s’il fallait préserver la bonne pensée et corriger rapidement les erreurs des autres? Est-ce que mon épistémologie post-critique est une menace pour la foi et la science, l’Eglise, le Ressuscité? Pourquoi ne pas me demander plutôt ce que j’entends quand je dis cela? Pourquoi ne pas lire les autres choses que j’ai écrite à ce sujet avant de répondre en slogans [« le fait n’est pas le fait mais l’affirmation du fait … »]? Est-ce que c’est ça l’esprit de Pâques?

    Au plaisir de continuer la discussion à l’occasion,

  2. Cher Olivier,

    Je commence là où tu termines ta réaction, l’esprit de Pâques et la dimension personnelle, ce que je ressens important pour toi, ce qui m’appelle, dans la deuxième partie de ce que tu écris.

    Pourquoi le détour, chez moi, avec une certaine obstination, je le reconnais, toujours ce détour ?

    Pourquoi ce chemin droit et direct chez toi, c’est ainsi que je reçois ce que tu écris, avec admiration d’un côté, avec une certaine crainte de l’autre ? Tu me le diras.

    Il se pourrait que nos attitudes respectives visent un même but :

    préserver une intégrité spirituelle personnelle, menacée par les arguments de l’autre quand ils sont instrumentalisés pour d’autres fins que la « dispute théologique », ou la « question de la foi » … quoi ?

    Alors moi :

    Comme toi je proclame la résurrection du Christ ; cependant, c’est vrai, l’affirmation « corporellement et historiquement », prise comme si c’était un fait scientifique, m’irrite.

    J’ai besoin du détour, aussi et surtout le dimanche de Pâques, parce que la joie de Pâques ne se laisse pas dissocier du drame de Pâques, la résurrection du dimanche, du troisième jour, pas de la croix du Vendredi saint, parce que les enfants de Job sont morts et restent morts, parce que je suis un enfant du 20ème siècle, parce que j’ai une fille handicapée qu’on handicape, parce que l’Église n’est pas toujours Église, parce que …

    Pâques ?

    J’entends : « Regarde les ‘faits’1 »

    Je n’ai pas envie.

    « Regarde ! »

    je suis le doigt de Jean-Baptiste et, si je quitte le doigt, ce qui n’est pas évident, … je vois la croix, d’abord la croix.

    Puis, – mais entre les deux il y a éternité, trois jours ! -, je vois, ou je crois voir, le tombeau vide, le suaire et les bandelettes.

    Silence ! C’est samedi, sabbat !

    « Non, c’est dimanche. Qu’en fais-tu ? »

    Quoi ? Que dis-tu ?

    « Le Christ est ressuscité. »

    Alors j’essaie d’assumer le ‘fait’, moi-même avec ceux et celles qui se retrouvent comme moi devant le ‘fait’, avec toi, la croix, ma croix, ta croix, leur croix, celle du Christ, son mystère et le mystère du tombeau vide, la présence du suaire et des bandelettes.

    La résurrection ? Rien à voir, ou presque, et c’est dans le presque que réside pour moi la résurrection.

    Et j’y crois.

    Parce qu’il y a toujours « un peu », « presque », « un reste ».

    Quelle bonheur ! mais petit bonheur … « Soli Deo gloria ».

    Cependant, Éliane, Thérèse, Olivier (l’autre), Pierre (l’autre), et ma fille et beaucoup d’autres, au fond moi aussi, et si ce n’est qu’avec eux … restons handicapés.

    Le miracle n’est pas la résurrection, mais la foi en la résurrection. Le reste est médecine (hérésie !).

    Je crains qu’on confonde les deux et qu’on perde la foi quand la médecine ne marche pas.
    J’ai peur qu’on dise : si foi il y avait, il y aurait aussi miracle.
    Et je crains, quand miracle il y a, qu’on en fasse médecine.

    J’ai peur que la lettre, le corps, et l’esprit de la lettre, la foi, soient confondus.

    Il y a miracle quand foi il y a, sans miracle, sans médecine.

    Le pain reste du pain. Il faut le prendre et le manger pour qu’il devienne corps.

    L’esprit séduit, mais la lettre résiste, et l’inverse est aussi vrai.

    Et le Christ ressuscite, parce tu es là, toi qui crois et qui dis, avec joie et conviction, malgré et contre tout :

    « Le Christ est ressuscité.
    Il est historiquement, corporellement ressuscité !
    Alléluia ! »

    Et le Christ est ressuscité, parce que celui qui ne peut rien dire, l’autre Olivier, vit.

    Chez moi, je le reconnais, il y a beaucoup de « et » et de « mais », et de « pour moi », et je butte, et Marc, pour moi, se termine avec le chapitre 15.

    Mais il y a un reste, le chapitre 16, et il y a une discussion, par rapport à lui et entre nous et parce qu’il y a résurrection.

    Le Christ est ressuscité !
    Eh oui, il est vraiment ressuscité.
    Alléluia !

    Armin

    Si je t’ai fait mal, ce n’était pas pour te faire mal, mais parce qu’il y a mal. Ou parce que j’ai mal ?

    1 « Tatsachen », dans le sens du premier Wittgenstein (Tractatus logicus), si je le comprends bien, ce qui n’est sûr, au contraire :

    « 1. Die Welt ist alles, was der Fall ist.
    1.1 Die Welt ist die Gesamtheit der Tatsachen, nicht der Dinge.
    1.11 Dieu Welt ist durch die Tatsachen bestimmt und dadurch, dass es alle Tatsachen sind.
    1.12 Denn, die Gesamtheit der Tatsachen bestimmt, was der Fall ist und auch, was alles nicht der Fall ist.
    1.13 Die Tatsachen im logischen Raum sind die Welt. …
    2. Was der Fall ist, die Tatsache, ist das Bestehen von Sachverhalten.
    2.01 Der Sachverhalt ist eine Verbindung von Gegenständen (Sachen, Dingen). »

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