(avec la TOB (Traduction œcuménique de la Bible) ; André Chouraqui ; Matyah, Evangile selon Luc ; JClattès, 1992 ; Pierre Bonnard, L’Évangile selon Saint Matthieu, Labor et Fides, Genève 1982)

Matthieu 2,1-15 ; le texte (TOB)

L’Évangile de l’enfance de Jésus selon Matthieu (Mt 1,1-2.3) – Comment, enfin, devenir enfant ?

Matthieu 2,1-12 (Mt 2,1-12) Épiphanie : l’enfant au centre – où est l’enfant roi ?

« Ce récit exprime … trois idées chères à Matthieu :

1. La naissance de Jésus, toute dénuée qu’elle soit des signes extérieurs de puissance, n’en a pas moins une portée politique : c’est le peuple tout entier, que l’enfant-roi vient rassembler et arracher à la domination …
2. Si les chefs de son peuple le rejettent, Jésus est reconnu et adoré par des étrangers, c’est-à-dire par des idolâtres ; la mention de leur origine orientale … est significative ; leur découverte de Jésus préfigure la conversion de nations païennes … (sens universaliste)
3. Si Jésus apparaît dans un monde qui lui est hostile, un plus puissant que lui, et que ses ennemis, veille sur sa destinée … » (P. Bonnard)

v. 1 « Bethléem », la « maison du pain », ville natale de David (1 Samuel 17,12), « elle a la vocation d’être le lieu de naissance du Messie (Michée 5,2) » (A. Chouraqui)

« mages », « le mot grec … revêtait des significations diverses : prêtres perses, magiciens, propagandistes religieux … Il pourrait désigner ici des astrologues de Mésopotamie … » (TOB)

« Des astrologues d’au-delà du Jourdain, mêlés d’une façon ou d’une autre à l’attente messianique juive … » (P. Bonnard)

Nouvel An comme moment où s’expriment des bonnes intentions et se prennent des résolutions pour « changer sa vie » (« conversion ») : Comment s’y prendre ? Quels critères ?

Avec les mages, soyons pour une fois « scientifiques » !

Il s’agit d’orientation ; il s’avère qu’ici celle-ci est une « occidentation », donc flexion et ré-flexion, avec un enjeu d’arrière-fond primordial : y a-t-il une universalité qui dépasse et englobe « orientation et occidentation » ?

Il me semble que le récit la préconise : des scientifiques, dans leur scientificité a priori athées ou au moins agnostiques, reconnaissent en l’enfant de Bethléem la finalité de leur recherche (la fin de leur voyage). Pour autant, il n’est pas question de se convertir ou de devenir « chrétiens », ce n’est pas une question de foi, mais de découverte scientifique. Les offrandes du v. 11 pourraient se comprendre comme investissements méthodologiques « scientifiques », dans des outils de recherche. Ainsi, le voyage, pour l’esprit moderne, n’aurait pas de connotation religieuse ; les sphères restent séparées.

Orient et Occident seront réconciliés en ce qu’expriment l’enfant dans son humanité fragile et l’ensemble du sermon sur la montagne qui suit et qui l’explicite par une éthique humaniste radicale, dépassant le religieux comme appartenance.

Matthieu 3-13 Structure : « Violence et non-violence de la conversion et de la foi – Le sens de la vie – Le bonheur de vivre, ça suffit !?»

La seule appartenance qui compte finalement est celle à l’humanité¹ dont la dignité universelle est appelée « sainteté », appartenance à l’ultime. Si le fait d’être personne est considéré comme centre de l’éthique humaniste, l’ultime ne peut être que personne. La personnalité, l’unicité de la personne, s’exprime par un nom. Au niveau ultime, la personne ultime s’appelle « Dieu », ou « JE SUIS QUI JE SERAI » (Exode 3,14). Ce n’est pas du judéo-christianisme, c’est universel ; il s’agit du « Je » personnel universel². Et le « Je » personnel qui sauve ne peut s’appeler que « Jésus », « Dieu sauve ».

« Celui dont la généalogie parlait comme ‘Jésus appelé Christ’ (1,16), en qui le récit de la naissance désignait immédiatement ‘Jésus Christ’ (v. 18) est maintenant nomme Jésus ; il n’y a aucune progression dans la treminologie christologique ; au contraire, l’accent va parter sur la réelle et fragile humanité de ce ‘petit enfant’ (v. 11.13.14 etc.). » (P. Bonnard)

v. 2 « le roi des Iehoudîms » (Chouraqui), voici l’objet de la recherche

 « La traduction classique de Ioudaïos (« Juifs ») a prêté à trop multiples et parfois tragiques contresens pour pouvoir être maintenue. Le sens contemporain du mot Jiuf est différent de celui de Ioudaïos à l’époque de Jésus. Plutôt que Judéens, nous avons préféré recourir, chaque fois, à la transcription de ce nom avec les nombreuses significations qu’il a dans le Nouveau Testament. Dans ce verset, Ioudaïon désigne les ‘habitants du Royaume de Judée’, quelles que soient leur origine ethnique, leur appartenance religieuse ou leur tendance politique. » (Chouraqui)

« son étoile », l’indicateur scientifique de l’expérience

« L’astrologie, davantage qu’un art, était une science répandue dans les pays du Croissant fertile. » (Chouraqui)

« Le roi », donc instance ultime de la recherche

v. 3-6

« … la note matthéenne la plus importante est que Jésus est avant tout chargé de rassembler le peuple, tout le peuple de Dieu … et non quelques privilégiés ou initiés. » (P. Bonnard)

Plan de la prédication

1. Nouvel An – Bonnes intentions et résolutions : Critères – Comment s’y prendre ?
2. Mages – Scientifiques
3. Orientation et « occidentation »
4. L’étoile – Les indicateurs
5. Le roi ? – L’instance ultime
6. Les menaces – Lieu de refuge ? Notre Égypte ?
7. L’Est et l’Ouest – Changements de perspective
8. La conscience – Le Christ
9. La personne – « Dieu » ,-  Soi-même et autrui
10. Un enfant – La force de la faiblesse
11. Menaces et refuge
12. Croix et résurrection – Pâques
13. Les Béatitudes et le Sermon sur la montagne – L’universalité

Schéma de la prédication sur Matthieu 2,1-12(15) 5.1.14 Épiphanie

Armin Kressmann 2013