Dans tous les débats sur l’homosexualité au sein de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), il est peut-être utile de rappeler ce qui a été retenu comme position en 2006 entre les responsables jeunesse par rapport à la fonction JACK, les Jeunes Accompagnants de Camps et de KT (catéchisme) :

• L’homosexualité est une réalité humaine ; comme toutes les attitudes et toutes les pratiques sexuelles elle est du ressort de la vie privée et, en tant que telle, ne nous regarde pas, aussi longtemps qu’elle est vécue dans ce cadre-là et, bien sûr, dans le cadre légal. 

• S’il y a débat en Eglise, au niveau de l’éthique chrétienne, nous le situons au niveau du « comment » et non pas du fait en soi. Comment je vis ma sexualité ? Cette question concerne toute sexualité. 

• Etre Jack est une fonction publique ; dans cette fonction il n’est pas question de vivre ou de thématiser sa sexualité. 

• Si, dans l’espace public de la catéchèse et de la vie en Eglise, la sexualité est thématisée, il s’agit de principes et de valeurs comme la dignité de la personne et du respect d’autrui, de liberté et de conscience personnelles, d’écoute et de consentement, du rapport entre corps, âme et esprit, alors de principes et de valeurs qui sont valables autant pour l’hétéro- que pour l’homosexualité. L’éducation sexuelle en tant que telle n’est plus du ressort de la catéchèse et de l’enseignement en Eglise. 

• Les penchants sexuels personnels, mêmes connus, ne sont pas sujets à discussion dans ce cadre public. 

• En Eglise, couvrant du privé et du public, il y a des lieux de vie communautaire qui prennent un caractère privé, ponctuellement ou en permanence, comme des groupes de partage ou des groupes de prière. Des groupes de jeunes et de catéchumènes vivent de tels moments. Si, dans ce cadre, le vécu personnel est partagé et remis au groupe, les membres de ce dernier ont un devoir de discrétion. Concrètement, si un membre du groupe se déclare homosexuel, ce savoir appartient au groupe et n’est pas sujet à transmettre plus loin ; c’est vrai pour toute autre préférence sexuelle, évidemment aussi longtemps qu’elle est légale. 

• Devant des conflits de conscience il peut être un besoin de remettre à quelqu’un d’autre son vécu, ses sentiments et ses interrogations, même au-delà de la légalité. Le lieu institutionnalisé en Eglise pour partager tout ce qui concerne l’intimité la plus intime, soit-elle légale ou non, est l’entretien pastoral où tout un chacun peut se confesser, selon des règles bien précises connues et respectées par le/la pasteur/e ou diacre qui reçoit la confession. En ce cas-là, l’ecclésiastique consacré est soumis au secret professionnel. Sans consentement, il ne peut pas transmettre ce qu’il a reçu lors d’une confession. 

Pratiquement en ce qui concerne la fonction de Jack : 

• L’homosexualité d’un Jack, même connue, ne fait pas obstacle à sa fonction.
• Elle n’est pas sujet à discussion à l’intérieur de l’exercice de cette fonction.
• Si, dans le cadre privé du vécu entre Jack’s et autres responsables catéchétiques, l’homosexualité d’un Jack ou d’un autre membre du groupe se fait connaître, elle n’est pas sujet à discussion dans le travail avec les catéchumènes et leurs familles.
• Il est exclu qu’un Jack fasse part de sa sexualité devant des enfants et des catéchumènes.
• Si le sujet de la sexualité est traité dans un parcours catéchétique, il n’est pas question de traiter les préférences sexuelles des individus ; il n’est pas non plus question de faire la promotion pour une pratique sexuelle ou pour une autre. La sexualité fait partie d’un ensemble plus vaste de « l’hygiène » et de l’éthique de la vie ; elle est incluse dans une réflexion qui concerne l’ensemble du corps, de l’âme et de l’esprit.

Cette position a été transmise aux responsables de l’Église de l’époque.

Armin Kressmann 2013 (en 2006 responsable cantonale adolescence et jeunesse de l’EERV)