Face à la violence – face à qui, face à quoi ?

En général, la société ne se rend pas compte du travail des éducateurs et éducatrices, soignants et soignantes sur le terrain des établissements socio-éducatifs et médico-sociaux. Au fond, elle ne veut pas le savoir. L’exposition et le bannissement d’antan ont trouvé leur forme moderne : au lieu de remettre ceux et celles qui dérangent aux dieux qui « frappent » la communauté par ce « mal », dans l’attente que ceux qui sont à l’origine du problème le résolvent aussi, on remet la différence ou l’altérité insupportables à des institutions auxquelles on adresse la même demande : faites ce que nous n’arrivons pas à faire, mais de sorte qu’on ne soit pas dérangé, ni par les personnes concernées, ni par votre manière de faire. Ce qui autrefois était religieux est aujourd’hui sanitaire. On ne se rend pas compte de la violence à laquelle on expose ainsi autant les patients et les résidents que ceux et celles qui les accompagnent et les soignent, violence qui se surajoute à la violence innée au travail avec des personnes angoissées par le morcellement, la disparition, des séparations, des pertes et finalement la mort. Pourtant, la mort concerne tout le monde. Du fait que le milieu « spécialisé » est renvoyé à lui-même et le symptôme, – la violence -, confondu avec le véritable enjeu, – la mort -, celle-ci est obnubilée, et ce qui est mis en évidence et personnalisé, – aussi dénoncé et combattu, à juste titre, mais vainement -, est le symptôme, la violence manifeste dans le quotidien du vivre ensemble et du travail avec des personnes extrêmement vulnérables.

Alors, ce qu’on ne veut pas admettre est affronter, est cet enchaînement ou cette cascade qui nous concerne tous, mais que certains, dans leur fragilité physique et/ou psychique, ne supportent pas et tournent contre eux-mêmes ou contre autrui :

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En conséquence, au lieu de se focaliser d’une manière exclusive sur la violence faite et subie, et par là d’individualiser la problématique, je rendrais davantage conscient, envisagerais et travaillerais, dans l’accompagnement et dans l’appréciation du travail, le phénomène qui nous concerne tous qu’est cette réalité de la mort et que certains peuvent mieux refouler ou symboliser que d’autres.

Comment, sans trop renforcer l’angoisse ? En vivant en communauté le cycle des fêtes chrétiennes par exemple.

Armin Kressmann 2013

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