Marc 12,28-34 ; notes exégétiques et homilétiques : le double commandement d’amour

Foire de la St. Martin à Vevey

Temple de St. Martin, Vevey, Ernest Biéler 1900

« La fête de la Saint-Martin. Il s’agit d’une fête de la table qui célèbre la fin des travaux dans les champs et dont les nombreux plats sont essentiellement à base de cochon.

La Saint-Martin (11 novembre) représente la fin du cycle agricole annuel. C’est à cette date que se paient les baux ruraux et que se règlent les dettes. Toutes les récoltes sont rentrées, et les porcs sont gras. Mais la mauvaise saison qui s’annonce va rendre difficile leur nourrissage : on n’avait autrefois guère de réserves, point de restes de repas, ni de petit-lait en hiver : c’est donc le temps de tuer ce cochon. Mais si une partie peut être conservée par salaison, séchage et fumage, diverses parties de l’animal demandent à être consommées tout de suite faute de moyens de conservation.

Saint-Martin – Martin de Tours, Martin le Miséricordieux (316-397)

Soldat, au service de l’empereur, affecté en Gaule, peut-être pour sa  connaissance du gaulois, c’est lors d’une de ces rondes de nuit qu’un soir d’hiver 338 à Amiens il partage son manteau avec un déshérité transi de froid car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent[9]. Il tranche son manteau ou tout du moins la doublure de sa pelisse et la nuit suivante le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de manteau . Il a alors 18 ans. Le reste de son manteau, appelé « cape » sera placé plus tard, à la vénération des fidèles, dans une pièce dont le nom est à l’origine du mot : chapelle (cappella en italien, chapel en anglais, Kapelle en allemand). (wikipédia, pour la foire, pour Martin de Tours)

(avec Damiel Marguerat, Le jugement dans l’évangile de Matthieu, Labor et Fides, Genève 1981 ; Jean Valette, L’évangile de Marc, Les Bergers et les Mages, Paris 1986 ; André Chouraqui, Marcos, Mathyah et Il crie …, JClattès, 1992 et 1993)

Daniel Marguerat parle d’une « tradition antinomiste chez Marc » (Mc 15,11 révocation de la loi cérémonielle).

Chez Matthieu « la loi est recentrée par le Christ sur son exigence première, la commandement d’amour » (p. 147).

Le double commandement d’amour est donc une norme herméneutique, la règle des règles, le « double mètre » (image à reprendre dans le culte) des règles.v. 29.30 Deutéronome 6,5 et Lévitique 19,18 ; précédés par Deutéronome 6,4 (« Écoute Israël », crédo juif)

« Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ou « Le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est UN. »

 Dieu est unique et Dieu est UN.

 « Tout commandement est donné, et doit être reçu et vécu, en fonction d’une révélation de Dieu, de son être et de son action. » (Valette)

C’est, pour moi, ce qui nous fait « créés », nommés, donc existants en donnant statut. Création comme institution ? Sommes-nous institués créés ? Séparés de l’informe, informés créés ?

v. 30.31 aimer, « agapaô », être affecté

Comme Dieu est un, l’amour est un. Donc deux commandement qui sont inséparables.

« Le chrétien n’aime pas Dieu quand il n’aime que Dieu, puisqu’il néglige celui que Dieu aime.

Mais le chrétien n’aime pas son prochain quand il n’aime que son prochain, parce qu’il n’aime pas dans la conscience de la dignité et de la grandeur que lui confèrent la présence du Christ en lui. » (Valette)

v. 31 Le prochain est le « compagnon », « celui avec qui on partage une même pâture, un même pain » (Chouraqui) :

« tu aimeras (ce qui est à) ton compagnon. »

« Aime ton compagnon comme toi-même. » (Lévitique 19,18)

Cette loi « implique un premier devoir, celui de s’aimer soi-même et de se conduire avec amour à l’égard du prochain : sans différence, sans distinction, sans artifice, sans arrière-pensée, absolument.

Hillel formule son exégèse sous forme négative : ‘Ne fais pas à ton compagnon ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit.’

Maïmonide la formule positivement : ‘Fais à ton compagnon ce que tu voudrais qu’on te fit.’

Cet ordre, le plus fondamental de la révélation biblique est un corollaire de la création de l’homme à l’image et à la ressemblance d’Adonaï. Elle suppose l’identité foncière de l’humanité d’où découle un devoir de solidarité fraternelle. Tous les hommes essentiellement identiques les uns aux autres sont les enfants d’un même père, ils sont tous frères et ils ont droit à notre amour. Le commandement le plus grand est la conséquence de la doctrine la plus haute. »

Nous sommes en conséquence tout de suite renvoyés d’un des deux commandements à l’autre, et vice versa. Les deux commandements forment un cercle herméneutique ; ils sont indissociables, fondamentalement UN, comme Dieu est un.

Le compagnon, quel qu’il soit, étant « ob-jet transitionnel » face à l’ultime et « l’ab-solu », – Dieu, une personne -, devient « pro-jet » pour « moi », afin que je devienne « su-jet » (de l’absolu et du compagnon à respecter dans son altérité absolue). Altérité et mêmeté sont imbriquées, entrecroisées, de sorte qu’elles forment UN, l’ipséité de chacun (en Dieu en Jésus Christ).

Pour les rabbins, la règle d’or (Matthieu 7,12), réside déjà dans ce commandement de l’amour du prochain, ramené à l’image et à la ressemblance de Dieu. Être humain, créé humain fait l’humanité et la personnalité de l’humain, sa dignité.

« Mind map » de la prédication sur Marc 12,28-34 du 11.11.12 à la chapelle de l’Institution de Lavigny

Le double-commandement d’amour reformulé pour notre temps

Armin Kressmann 2012

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