L’éthique de la responsabilité

Fonder la morale sur la nature, refaire le lien entre la rationalité et la nature des choses, décrire la nature de sorte que les fins apparaissent, déduire le « devoir » de « l’être », fonder les prescriptions dans une philosophie de la nature (l’ontologie, la science de l’être) – projet abandonné depuis David Hume -, c’est ce que Hans Jonas a tenté de refaire, afin de trouver des normes qui cadrent et régulent les sciences et la technique, car, devant les pouvoirs et les enjeux de celles-ci, il s’agit désormais de la survie de l’humanité. Dans la technologie moderne, nous ne pouvons plus estimer les conséquences de notre action, nous avons une responsabilité face aux générations à venir. Ce n’est pas parce qu’un risque n’est pas avéré qu’il ne faut pas prendre des mesures pour l’éviter : le principe de précaution est né . Hans Jonas opte radicalement pour la vie, une éthique de responsabilité pour la vie. Ainsi il met en avant une « éthique de responsabilité » face à ceux qui défendent une pure « éthique de conviction », distinction faite depuis Max Weber (« Verantwortungsethik » versus « Gesinnungsethik » ). En défendant d’un côté la vie et en se souciant de l’autre côté des conséquences de notre action et par là de l’avenir de l’humanité, H. Jonas est fidèle à l’une et à l’autre, selon la position tenue par M. Weber, qui dit :

« L’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l’une l’autre et constituent ensemble l’homme authentique … » .

Comme impératif nouveau adapté au nouveau type de l’agir humain, il dit :

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » ou « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir. »

« Nous avons bien le droit de risquer notre propre vie, mais non celle de l’humanité » , « La dignité de l’ipséité personnelle » et « Seule la crainte de porter atteinte à quelque chose de sacré est à l’abri des calculs de la peur et de la consolation tirée du caractère incertain des conséquences encore lointaines. Mais une religion absente ne saurait décharger l’éthique de sa tâche … ordonner les actions et réguler le pouvoir d’agir. »

Armin Kressmann 2004

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