Une théologie à la lumière de « facebook » et « facebook » à l’épreuve de la théologie ?

Peut-on faire de la théologie à la lumière de « facebook », et « facebook » à la lumière de la théologie, ne devrait-on même pas le faire, en tant que théologiens, en cette époque où « tout le monde » se met sur les « réseaux sociaux », que d’ailleurs l’Église (pré)figure à sa manière depuis longtemps :

décliner ses rôles et fonctions sociaux dans l’unité de la personnes et dans la cohérence de ses convictions religieuses et philosophiques ?

Quand on parle de trinité, par exemple, ne dit-on pas la même chose, « Dieu un et trine » ?

« L’essence divine spirituelle et infiniment vivante est donnée à elle-même en un triple être-soi qui est désigné par les mots Père, Fils et Esprit. La plénitude infinie de vie en Dieu est la raison pour laquelle une seule et même essence de Dieu possède une triple subsistance. L’unique essence vivante et spirituelle est le fondement de l’être-soi trois fois distinct. Dans l’unique essence divine, Dieu se possède lui-même d’une triple manière, et chacune des ces manières est relative à l’autre. »[1]

Simone Romagnoli, philosophe, parlerait « d’unité personnelle transductive », d’une identité  personnelle modulée en fonction de ce qui lui arrive dans et par la vie.

Ce que je suis, « profondément », est et reste inaccessible aux autres, caché, un, l’unicité de la personne : Dieu, qui est-il ?

Dieu abscons. Le « Père ». Immuable ?

Nous n’en savons rien :

« Personne n’a jamais vu Dieu. » (Jean 1,18a)

« Dieu, nul ne l’a jamais contemplé. » (1 Jean 4,12)

Donc, que révéler aux autres ? Et à quel prix ?

« Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. » (Jean 1,18b)

« N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » (Jean 18,25)

Agir dans le réseau, « entre », comme le vent, misant sur les effets, « enthousiaste », prendre la défense, jouer et déjouer : l’Esprit.

« Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jean 3,8)

Pour quelle finalité ?

Paraclet, Dieu avocat, tuteur général des exclus de la Cité

Concrètement ?

Apprenons donc à nous prononcer sur les réseaux sociaux en faisant ce que nous sommes censés faire dans nos églises, sur le parvis, en chaire (… et en chair), au lutrin, dans le chœur ou dans la nef, devant ou derrière :

  • Gardons pour nous, si nous le connaissons, de nous-mêmes ou des autres, ce qui est « abscons », caché et incompréhensible.
  • Révélons ce qui parle à nous et aux autres, ce qui les nourrit, et nous aussi, construit et fait avancer, raisonne et argumente, tout en sachant que nous prenons ainsi des risques.
  • Faisons-le donc d’une manière ludique et décalée, en nous prenant pas trop au sérieux, mais en défendant avec « enthousiasme » les causes qui sont les nôtres, les exclus de la Cité, les exclus du réseau, les exclus des églises.
  • Soyons conscients que ce qui nous meut vient d’ailleurs et mérite d’être rendu, que nous parlons au nom d’un autre, abscons lui, plus abscons que lui ne va pas, mais rendu visible et manifeste en quelqu’un comme nous …
  • … et soyons conscients que le « book » où figurent nos « faces » est un autre réseau, un texte tissu que nous appelons LE livre et que nous lisons avec esprit. Je l’espère au moins.

 Armin Kressmann 2012


[1] Nouveau livre de la foi ; La foi commune aux chrétiens ; Labor et Fides, Genève 1976, p. 242

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