Jean 12,27 et Matthieu 27, 51-54 ; note exégétique : Dieu troublé

“ Maintenant mon âme est troublée, et que dirai–je ? Père, sauve–moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu.” (évangile selon Jean, chapitre 12, verset 27 ; Traduction œcuménique de la bible)

Quelle est la limite de l’acceptation de l’être tel qu’il est, l’acceptation de l’état des faits dans le sens wittgensteinien (« Tatsachen ») ? La souffrance, la violence et l’angoisse, je l’ai discuté dans un article antérieur. Comment les dépasser ?

Théologiquement, la clé réside dans croix et résurrection , humainement dans l’angoisse même (angoisse de mort et angoisse du vide)  : en celle-ci, à travers le ressenti, donc les émotions, souffrance et violence sont déposées et provoquent ces troubles qui troublent, les « troubles de comportements » comme concept souvent trop « chers » aux éducateurs. Devant la menace de violence et de souffrance même celui que nous nommons « Fils de Dieu » est troublé, pas seulement dans son « âme », mais dans son « être ». Dieu lui-même est troublé :

« Le voile du Sanctuaire se déchire en deux du haut en bas ; la terre tremble, les rochers se fendent, les tombeaux s’ouvrent … » (Matthieu 27,51)

Et ses troubles envahissent :

« … les corps de nombreux saints défunts ressuscitent : sortis des tombeaux … ils entrent dans la ville … et apparaissent à un grand nombre de gens. A la vue du tremblement de terre et de ce qui arrive, le centurion et ceux qui avec lui garde Jésus sont saisis d’une grande crainte … » (Matthieu 27,52-54 passim)

Pourtant, déposer souffrance et violence dans le vide de l’angoisse, « les enterrer », les mettre dans la tombe, comporte en lui-même déjà le germe de résurrection. En témoigne le tombeau vide, qui devient en quelque sorte l’institution qui enveloppe et dans laquelle filiation, nouvelle naissance est possible :

« ‘Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu.' » (Matthieu 27,54)

Dans le socio-éducatif et le socio-pédagogique, quand comportements troublants il y a, au lieu de se focaliser sur les troubles et d’identifier celui ou celle qui est troublé avec les troubles, finalement se laisser agacer par les troubles et la personne troublée elle-même, on devrait davantage se poser la question : d’où viennent-ils, les troubles, quelle est la souffrance, où l’origine de la violence ? Car, les comportements troublants sont d’abord communication, et non pas tout de suite des troubles du comportement. Sinon, souffrance et violence ne seront jamais dépassées et résurrection impossible.

Tombeau vide, un fonction de l’institution ?

« Mind map » de la prédication Jn 12,20–33 20.3.12 (Hôpital de Lavigny)

Armin Kressmann 2012

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