Éducation et spiritualité 5 : L’unité corps-esprit, la pyramide de Maslow et la dignité de l’autre

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Spiritualité et spiritualités

Le mouvement adolescence et « abolescence », la question du « soi », ainsi que cette unité corps-esprit dont j’ai parlés dans mes articles antérieurs du dossier « Éducation et spiritualité », nous amènent à insérer dans la « courbe de vulnérabilité » la pyramide des besoins selon Maslow, mais d’une manière inversée :

Il devient ainsi évident que les besoins spirituels, ce qui pour Maslow est l’actualisation ou l’accomplissement de soi, sont étroitement liés aux besoins physiques ; les uns ne se laissent pas séparer des autres, comme le savait déjà la pensée biblique.

Celle-ci parle de l’être tout entier, « âme et corps » ; quand, par exemple, Jésus parle de ses propres angoisses de mort, il dit, dans l’évangile selon Jean :

 « Maintenant, mon être se trouble. » (Jean, chapitre 12, verset 27)

 Et André Chouraqui commente :

 « Le grec psyché traduit l’hébreu nèphèsh, qui désigne en réalité l’être tout entier et non pas l’âme seule par opposition au corps. L’anthropologie hébraïque n’admet pas le dualisme qui caractérise la pensée grecque tardive. » (Iohanân, Evangile selon Jean ; JClattès, 1993, p. 202)

Corps et esprit sont donc rapprochés, davantage, profondément imbriqués. Georges Saulus parlerait de structure et de prégnance. Donc, dans le corps il y a immanence et transcendance, transcendance transcendante et transcendance immanente (Maslow ; Comte-Sponville). Dans l’accompagnement ou, d’une manière générale, dans tout vivre ensemble, il y a ainsi corps à corps, mais aussi « esprit à esprit », « esprit à corps » et « corps à esprit ».

Pour l’accompagnant il est en conséquence fondamental dans quel esprit il vit le corps à corps, qui, suite à ce que nous venons de dire, est indispensable pour qu’il ait « esprit à esprit ». Son attitude et sa disposition intérieure sont dans la relation interpersonnelle probablement décisive pour que clarté il y ait du côté de son interlocuteur :

dans la relation qui est la nôtre, – éducative, pédagogique ou de soin, donc toujours asymétrique -, notre corps à corps, nécessaire ou ludique, est toujours esprit à esprit, jamais fusionnel, jamais sexué.

La finalité de notre relation réside fondamentalement en toi, donc pour l’accompagnant en l’autre, jamais en ce qui pourrait être interprété comme couple, et encore moins en moi comme accompagnant.

C’est ainsi que je veux respecter, en tant que professionnel, ta dignité. Sur l’ultime, je n’ai pas de prise, il t’appartient, à toi, et à toi seul. Ton dieu ne m’appartient pas.

Armin Kressmann 2012

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