En discussion, la spiritualité – Symposium Kappel 2011

Du 26 au 28 mai 2011, à Kappel, la faculté de théologie de l’Université de Zurich, sous l’égide du professeur Ralph Kunz, théologie pratique, et de Claudia Kohli Reichenbach, a organisé un symposium sur la spiritualité. Devant un auditoire d’une quarantaine de personnes, chercheurs et praticiens, des intervenants théologiens de différents pays d’Europe et des États Unis ont parlé de l’articulation entre théologie, religion et spiritualité, de l’enseignement universitaire de la spiritualité (Janet K. Ruffing), de la spécificité de la spiritualité chrétienne (Klaus Raschzok, Corinna Dahlgrün), de ce qu’est spiritualité et de sa signification dans notre monde contemporain (Lieven Boeve). Il était aussi question de fonder une société européenne se penchant sur les divers aspects de la spiritualité, notamment chrétienne, oecuménique et protestante.

Importantes pour mes recherches personnelles étaient les réflexions sur le lien entre spiritualité et ce qu’est ou pourrait être une vie bonne, la distinction entre spiritualité saine et malsaine, la spécificité d’une spiritualité évangélique, les dimensions anthropologiques et théologiques de la spiritualité, la spiritualité dans une vision scientifique, l’impact de la spiritualité sur les histoires de vie, le regard sur la théologie dite « négative » (Ralf Stolina), le mystère de l’autre et les transformations qu’amène la spiritualité dans la vie d’un être humain, de collectifs et d’institutions.

Tout particulièrement attentif j’étais aux remarques sur le seuil, la « liminalité », le fait que l’être humain est constamment « entre » différentes réalités et doit apprendre à habiter ce « non-lieu » et se laisser transformer par lui.

« Transformation is what means God’s Spirit » disait Janine K. Ruffing.

J’étais globalement confirmé dans ma vision de ce qu’est spiritualité, avec une observation importante :

Il me semble que là où dans l’espace francophone la distinction entre religion et spiritualité importe, l’espace germanophone et anglo-saxon me semble davantage insister sur une différentiation entre spiritualité chrétienne et spiritualité non-chrétienne (ou plutôt « achrétienne », « unchristlich », ce qui ne veut pas dire « nicht christlich »), ou, pour dépasser le regard religieux, entre spiritualités constructives et spiritualités destructives.

En reprenant dans des termes plus ouverts, je reprendrais les critères donnés par Corinna Dahlgrün pour la spiritualité dans une vision chrétienne :

Une spiritualité saine :

–         se centre sur et se soucie de l’être humain dans toute sa vulnérabilité

–         se tourne vers l’ultime et le sens de la vie

–         ne lâche jamais l’espérance, cherche et défend fondamentalement une perspective de vie

–         est empathique, à l’égard de l’autre et du tout-autre, elle est profondément habitée par l’amour

–         cherche la guérison et le dépassement de souffrances

–         se préoccupe de et soigne l’intériorité

–         se fonde sur et s’inscrit dans une histoire, une tradition, un fondement scripturaire

–         s’inscrit dans une communauté

–         s’appuie sur des personnes de références, des guides spirituels dans une perspective d’une éthique de vertus

–         et cherche un positionnement, une attitude

  • d’humilité
  • d’obéissance ou de suivance raisonnables
  • de liberté d’esprit
  • de joie et d’espérance face aux incertitudes de la vie

Finalement, par rapport au handicap profond ou sévère m’ont particulièrement touché ce qui a été dit par Klaus Raschzok de l’avocature, de l’exigence de mettre l’humain devant l’ultime, mais aussi de le défendre devant celui-ci :

nous revenons au Paraclet comme figure de spiritualité concrète, juste et puissante par excellence.

Armin Kressmann 2011


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