11.5 Besoins ou moyens ? – « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres »

Significations du handicap mental : 11.5 Besoins ou moyens ? – « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres »

La courbe de la vulnérabilité en fonction de l’âge délimite deux champs distincts, celui qui se trouve sous la courbe, la vulnérabilité, et l’autre qui est au-dessus, la « capabilité ». Travailler à partir de la première est travailler sur les besoins, à partir de la seconde sur les capacités. Les approches d’accompagnement respectives sont fondamentalement différentes, de soin dans un cas, éducative dans l’autre cas. Un accompagnement professionnel misera toujours sur l’une ou l’autre, souvent les deux, et cela en fonction de la situation dans laquelle le patient ou le résident se trouve.

Les besoins fondamentaux de l’individu : Fröhlich, Rosenberg, Maslow et Rawls

La Pyramide des besoins selon Maslow et le développement du jugement moral selon Kohlberg

Les « capabilités » selon Martha Nussbaum

Vulnérabilité ou « capabilité », quelque soit l’angle d’intervention, de soin ou éducatif, chacun des deux a besoin de moyens. Besoins et moyens sont interconnectés, les besoins des « usagers » et les moyens des « prestataires » qui tentent à couvrir ces besoins. La vulnérabilité de « l’usager » rencontre la « capabilité » de la collectivité, dépendance est interdépendance. Une fonction de l’institution est de faire le lien entre les deux. Cette liaison, hautement politique, comporte toute une série d’enjeux éthiques que j’évoque en quelques articles :

Le résident en institution sociale : entre le privé et le public (canton de Vaud)

Qu’en est-il avec l’autonomie du résident gravement handicapée en institution sociale ?

Le monde hospitalier, socio-éducatif et scolaire : une éthique entre le privé et le public

L’État libéral et ses problèmes

Le libéralisme économique : inclusion ou exclusion de la personne handicapée ?

Le handicap lourd et les limites du libéralisme

Le rôle social du handicap et de la folie

Les personnes très dépendantes que sont les personnes lourdement handicapées défient l’auto-compréhension de la collectivité, son « Selbstverständnis ». S’en occuper en les remettant à des établissements spécialisés est déléguer sa responsabilité :

–         pour se protéger est la renier

–         pour les protéger est l’assumer tout en admettant son incapacité de les intégrer

–         pour les intégrer est s’exposer.

Quand la logique des moyens financiers du payeur l’emporte sur la logique des besoins du public cible on se trouve dans la première situation. Une société qui se veut libérale se coupe de ses propres racines et trahit les valeurs et les principes qu’elle veut mettre en avant et qui devraient la guider. Elle s’interdit elle-même.

Nous sommes ainsi au centre des réflexions sur la justice sociale et ce qu’est l’autonomie pour un être aussi (inter)dépendant qu’est l’humain. Le handicap mental sévère est donc pierre de touche, un des champs où, selon la Constitution fédérale suisse,

« la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ».

Je traite de cette problématique dans un bon nombre de mes articles, dont ceux-ci :

John Rawls, La justice comme équité

De Kant à Rawls, puis à Walzer : libéralismes et communautarismes

Rawls et le handicap mental

Handicap mental : l’autonomie et le droit suisse

L’autonomie du patient – mythe ou réalité ?

Armin Kressmann 2011

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