11.4 Un monde à l’envers : l’inversion de la pyramide de Maslow

Significations du handicap mental : 11.4 Un monde à l’envers : l’inversion de la pyramide de Maslow

La pyramide de Maslow et son inversion

La pyramide de Maslow hiérarchise les besoins de l’être humain et les mets en quelque sorte dans une succession comparable au développement du jugement moral de Lawrence Kohlberg.

Les besoins spirituels sont ainsi éloignés des besoins physiques et séparés de ceux-ci par la succession des autres besoins, sécuritaires, psychiques et sociaux. Une conception structurale de l’être humain nous montre cependant que l’a priori d’une succession n’est pas donné, mais que les différents besoins sont au même titre présents tout au long de la vie, s’expriment seulement différemment et à travers d’autres dimensions dans les différents moments de l’existence. En situation de crise et de grande vulnérabilité, au début et à la fin de la vie, lors de maladies ou de handicaps graves, en situation de détresse, l’expression d’une douleur soit-elle psychique, sociale ou spirituelle s’exprime d’abord et d’une manière privilégiée à travers le corps. Les larmes en sont l’exemple par excellence. Ce qui semble évident doit être pensé jusqu’au bout, ce que je fais dans une série d’articles, dont font partie ceux qui traitent de la pyramide de Maslow :

Du triangle éducatif à la pyramide de Maslow

Réalisation de soi, besoins spirituels et transcendance

Besoins spirituels et religieux : la vision classique

Besoins spirituels et religieux : la nouvelle vision

Vulnérabilité et capabilité : la pyramide de Maslow

Les résultats les plus importants sont :

  • L’inversion de la pyramide, ce qui rapproche corps et esprit, ce que nous avons déjà constaté dans un article précédent.
  • Un devoir de prise en compte de la dimension spirituelle de l’être humain à titre égal aux soins physiques, plus radicalement la nécessité d’un traitement égal de toutes les dimensions de l’être humain. Sa globalité veut dire prise en compte et soin égal de ses besoins physiques, psychiques, sociaux et religieux, ces derniers dans le sens de la concrétisation et de la matérialisation de l’ensemble que j’appelle le spirituel, qui n’existe pas en soi, mais s’exprime justement à travers les autres dimensions que sont le bio-psycho-socio-religieux. Le bio-psycho-socio-religieux est le véhicule du spirituel et englobé par lui.
  • Se pose enfin la question si ce que nous appelons le « soi », le « self » ou le « Selbst » est une réalité à actualiser et à développer, tel que Maslow l’a induit, ou à postuler comme donné a priori et à respecter même là où il ne se manifeste apparemment pas comme autodétermination, notamment en situation de handicap lourd. Qu’est-ce qui fait personne, la personne ou le respect de la personne, respect même là où la personne n’est pas respectée ou ne se respecte pas elle-même ? Les implications philosophiques et théologiques sont grandes.

Armin Kressmann 2011

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