11.2 « cif-ler » : la Classification Internationale du Fonctionnement, de la santé et du handicap

Significations du handicap mental : 11.2 « cif-ler » : la Classification Internationale du Fonctionnement, de la santé et du handicap

Le besoin de classifier, de distinguer entre le normal et l’anormal, émerge, à la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, du côté médical, pour des raisons de santé publique, les différentes causes de mortalité, du côté pédagogique, pour connaître les enfants « scolarisables ».

« En 1905 publie le premier test destiné à “mesurer l’intelligence”. Il serait cependant limitatif de ne voir dans l’essai de BINET qu’une tentative de classification, de sériation ou de comparaison. En effet, BINET fonde sa recherche sur des sous-entendus pédagogiques. Pour lui, l’instruction permet la bonne adaptation sociale à travers la pratique d’un métier. Il s’agit donc d’aider les enfants en difficulté scolaire en pratiquant auprès d’eux une pédagogique spéciale qui les rende aptes à produire et, par conséquent, à s’intégrer à la société. » (Jean-Louis Korpès ; Handicap mental, Notes d’histoire ; Les cahiers de l’EESP, no. 3, Lausanne 1988, p. 52)

Dès le début l’aspect social est présent : comment faire pour que l’individu puisse mener sa vie là où il est, prendre sa place dans la société de l’époque ? Cependant, l’origine du problème, le handicap, est d’abord et souvent exclusivement cherchée et décelée chez l’individu. Encore aujourd’hui, et nous pouvons le constater tous les jours dans les discussions avec des personnes extérieures au monde du handicap, le handicap, c’est la personne handicapé, ce qui est inné à elle, ses traits « de handicapé ». Ses déficiences et ses incapacités sont son handicap. Ce n’est pas une personne comme toutes les autres, mais différentes : « il est différent », « c’est un handicapé », et c’est ce qui le définit pour les autres. Là où il y a cent ans il était un « anormal », puis un « arriéré », il est aujourd’hui un « handicapé ».

C’est dans les années septante-huitante qu’un changement de perspective a été introduit par les organisations internationales, sous pression des milieux de personnes handicapées. Sur l’impulsion de Philip Wood, le modèle purement médical, – symptôme, diagnostic, thérapie -, a été révisé en un modèle tenant compte de la situation, la CIH (Classification Internationale du Handicap) :

d’une déficience (lésion),

on passe une incapacité (fonction),

puis un désavantage (situation).

Mais ce n’est qu’avec la CIF, la Classification Internationale du Fonctionnement (humain), adopté par l’OMS en 2001, que la notion de handicap n’apparaît plus exclusivement du côté de la personne, mais du côté de la situation :

une personne handicapée est une personne, certes avec des déficiences et des incapacités, mais aussi et surtout avec ses capacités, qui, dans une situation concrète, se trouve devant des obstacles tels qu’elle se retrouve

« en situation de handicap ».

La CIF – la Classification Internationale du Fonctionnement, de la santé et du handicap

Handicap selon la CIF – définition

Déficience, incapacité et handicap – « impairment – disability – handicap »

La structure du handicap dans un modèle bio-psycho-social

C’est l’institution qui handicape – La définition du handicap

Vulnérabilité et capabilité : handicap, quand on pense « déficit » – et la CIF ?

Capabilité, sans vulnérabilité

L’axiome de la dignité humaine

L’amour peut-il handicaper ?

L’aumônerie en institution socio-éducative : spiritualité et religion

Armin Kressmann 2011

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