Significations du handicap mental 3 – Il s’agit de « connaissance »

Significations du handicap mental : 3 Il s’agit de « connaissance »

Ma méthodologie se veut recherche expérimentale telle esquissée par Jean-François Lyotard quand il parle du sujet qu’est le chercheur et de son positionnement tel que le conçoit Husserl :

« A partir des essences, deux orientations sont ouvertes : ou bien développer la science logique en mathesis universalis, c’est-à-dire constituer du côté de l’objet une science des sciences ; ou bien au contraire passer à l’analyse du sens pour le sujet des concepts logiques utilisés par cette science, du sens des relations qu’elle établit entre ces concepts, du sens des vérités qu’elle veut stabiliser, c’est-à-dire mettre en question la connaissance elle-même, non pas pour construire une ‘théorie’, mais pour fonder plus radicalement le savoir éidétique[1] radical. En prenant conscience que déjà dans la simple donation de l’objet, il y avait implicitement une corrélation du moi et de l’objet qui devait renvoyer à l’analyse du moi, Husserl choisit la seconde orientation. »[2]

Ce n’est pas l’essence qui m’intéresse, « das Sein », mais l’être dans le monde, « das Wesen », le fait d’exister, vivre et exister, trait qui donne « Gestalt » , cette « activité passive » ou « passivité active » que l’allemand nomme « wesen » et qui « gestaltet » la vie, donne vie à l’être, même si c’est vivre devant la finitude de l’être, le fait de devoir disparaître, le « Verwesen », qui d’ailleurs est vie, et le fait d’avoir existé, d’avoir été, le « gewesen sein », source d’angoisse première pour beaucoup de personnes mentalement handicapées dites « avec troubles d’envahissement ». Le contact avec celles-ci, « ob-jets », « jetées devant moi » et d’abord « ob-stacles », posées devant moi et s’im-posant à moi, me renvoie à moi et me handicape, me met en situation de handicap, dont je sors seulement, si je ne veut pas les « re-jeter », en me « pro-jetant » dans un « a-venir » commun. Théologie de la croix et de la grâce font écho à cette anthropologie, non pas un « Sein zum Tode », mais un « Wesen zum Leben hin ». « Sein Wesen ist Leben und nicht Sein ; auch wenn das Sein vergeht und das Dasein unerträglich ist, so bleibt das Leben. Das Wesentliche ist das Leben. »

„Gestalten wesen.“

„Betrachten wir aber alle Gestalten … so finden wir, dass nirgends ein bestehendes, nirgends ein Ruhendes, ein Abgeschlossenes vorkommt, sondern dass vielmehr alles in einer steten bewegung schwanke.“ (Goethe 1817)

„’Gestalt’ … ist die Erscheinungsweise, welche … das annimmt, was erscheint.“[3]

Mon approche rejoint alors une phénoménologie existentielle[4]

„… die Phänomenologie als spezifische Methode entwächst einer bestimmten Thematik: der Thematik der Existenz, und zwar derart, dass einerseits die Transzendentalphilosophie existentiale Züge annimmt, dass umgekehrt die Existenzphilosophie … eine implizite Form der Phänomenologie hervortreibt. Dieser Form von Existentialphänomenologie lassen sich bestimmte Grundmotive zuordnen: der Leib, die Freiheit und die Anderen, wobei … die Leiblichkeit das durchgängige Medium für den Bezug zur Welt, zu den Anderen und zu mir selbst abgibt.“[5]

Corps, – „Leib“, plus que corps „Körper“ -, liberté, donc esprit, ainsi qu’autrui, dans sa mêmeté et son altérité, traversent toutes mes réflexions : comment donner corps, institution et communauté – « auto-nomos » et « ethos », à ce que nous recevons dans le don de l’autre, de cet autre tout-autre comme moi image de l’Autre ?

Il s’agit de mort et de résurrection, donc de « co-naissance », alors de vie, de donner forme et structure vivante à cette vie, « dieses Leben zu gestalten », d’incarner la vie donnée et d’éviter de délaisser celle-ci à son seul être, « seinem Sein », danger concret quand on est devant le « grand handicap » ou dans une pure approche « occupationnelle ».

Armin Kressmann 2011


[1] Eidos (Menge-Güthling) (eidô; idein; sehen, erblicken; erscheinen; wahrnehmen, erkennen, wissen, verstehen, kennen)

1.       das Sehen, Schauen, der Anblick

2.       Aussehen, Gestalt, äussere Erscheinung; Haltung, Gesichtsbildung; schöne Gestalt; Form Bild

3.       übertr.

a) Vorstellung, Begriff; insb. Idee, Urbild, Ideal

b) Art (einer Gattung)

c) Beschaffenheit, Wesen, Art und Weise;

insb. :

–          Zustand, Stellung, Gestaltung, Form, Verfassung (Staat)

–          Lebensweise, Beschäftigungsart

–          Art des Verfahrens, Methode

[2] Jean-Fraçois Lyotard ; La Phénoménologie ; puf, Paris 2004, p. 15

[3] Viktor von Weizsäcker ; Gestalt und Zeit ; Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 1960, p. 58

[4] Paul Ricœur ; in : Encyclopédie française, 1957

[5] Bernhard Waldenfels ; Einführung in die Phänomenologie ; Fink, München 1992, p. 54

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