Les deux axes fondamentaux (ce que j’appelle les bases anthropologiques du spirituel) sont
1. intériorité – extériorité, donc moi face à l’autre et
2. immanence – transcendance, donc ici face à ailleurs ou là et au-delà
Ils déploient l’espace spirituel :
Cet espace se divise en quatre champs
1. celui de l’intériorité – moi 3. celui de l’immanence – ici
2. et celui de l’extériorité – hors moi 4. et celui de la transcendance – ailleurs
.
Et c’est dans ces quatre champs que se joue la question de l’identité, dans les quatre quadrants ouverts par nos deux axes de la spiritualité :
1. la mêmeté, à l’intérieur du moi immanent
2. l’altérité, à l’intérieur du quadrant ouvert ici par un autre immanent
3. l’ipséité, à l’intérieur de moi me transcendant, un « moi-même comme un autre »
4. et la mystique, relation ouverte par un autre transcendant, une altérité toute-autre
Concrètement nous pouvons parler d’un « dialogue » ou d’une relation
1. sujet – objet, moi-même face aux choses
2. sujet – sujet, moi-même face à autrui, interpersonnel
3. sujet face à lui-même, moi-même conscient de moi-même ou moi-même face à mon inconscient
4. sujet – sujet, moi-même face à un tout-autre, transpersonnel
Les différents espaces ainsi définis nous permettrons de discerner les lieux où nos interlocuteurs, – patients, résidents, etc. -, ou nous-mêmes mettons l’accent au niveau spirituel, en nous-mêmes, hors de nous-mêmes, au niveau matériel ou purement spirituel.
Avec Etienne Rochat et l’aumônerie des hôpitaux vaudois, en définissant l’indéfinissable (en faisant du spirituel ce que j’appellerais du religieux), nous arrivons aux questions du sens, de la transcendance, de l’identité et des valeurs :
Qu’est-ce qui fait sens pour toi, te donne orientation et direction ? D’où viens-tu et vers quoi vas-tu?
Qu’est-ce qui te transcende, te dépasse, t’emporte, au-delà de toi-même ?
Qu’est-ce qui fonde et fait ton identité ?
Pour toi, quelles sont les valeurs les plus importantes ?
La question qui nous guidera finalement sera celle du « ultimate concern » de Paul Tillich :
« Où mets-tu, quelles sont tes préoccupations principales, voire ultimes ? »
ce qui revient à la question :
« Quelle est ta religion ? »
donc analogue à la « question de Marguerite » (« die Gretchenfrage« ), celle que Gretchen pose à Faust dans l’oeuvre de Goethe :
„Nun sag, wie hast du’s mit der Religion?“
Armin Kressmann 2010
