Religion et spiritualité : vision classique et vision moderne

Religion est Dieu institutionnalisé, rendu audible, visible, tangible, à travers des représentations, la parole, des rites, des dogmes, des images, des actes, une morale, etc., donc médiation entre une réalité par définition en soi inaccessible, la transcendance, et le monde des humains, dans l’immanence. Traditionnellement la spiritualité est spiritualité religieuse, en principe ascèse, – activement faire du vide, se dépouiller, pour accueillir l’Esprit, la présence de Dieu -, ou mystique, – entrer en lien direct avec Dieu lui-même, recevoir le tout, sans aucune autre médiation :

Traditionnellement, la spiritualité fait partie du religieux, comme l’art, pour une bonne part, comme l’éthique ou la morale.

Aujourd’hui, c’est différent, ce qu’on peut appeler l’émancipation du spirituel,

– une évolution qui a commencée avec la Réformation et les Lumières, mais qui au milieu du 20ème siècle a pris toute son ampleur -,

est consumée : le religieux est relégué à une des dimensions du spirituel, et pour beaucoup ce n’est pas la plus importante. La spiritualité concerne l’ensemble de ce qui transcende la réalité sensible, évoque un au-delà, un absolu, une puissance, pose la question d’un ultime, soit-il Dieu ou non. A travers le spirituel on fait l’expérience des limites du sensible et essaie de les déplacer ou les dépasser, avec ou sans Dieu, dans l’esthétique, l’art, l’éthique ou la pratique religieuse :

Dans le spirituel,

l’éthique pose la question du « quoi ? »

l’art, ou la technique, celle du « comment ? »

et le religieux celle du « pourquoi ? » et du « pour quoi ? », du sens, du fondement et de la finalité.

La spiritualité pose la question, la religion est une des réponses.

Armin Kressmann 2010

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