Valeurs institutionnelles à défendre

La dignité de la personne humaine est le point de départ de toute réflexion sur les valeurs à défendre dans une institution socio-éducative. La personne humaine a une valeur en soi, une finalité en soi. Immanuel Kant écrit :

« Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité. »

Les valeurs … « sont de l’ordre de l’Être et du Bien » (avec Guy Durand ; Introduction générale à la bioéthique ; p. 164ss)

Les valeurs sont de « l’ordre de l’Être ou du Bien. Elles désignent les grands idéaux à poursuivre : le vrai, le beau, le bien … l’autonomie, la justice, l’égalité, etc. »

« La valeur en général ou valeur spirituelle, qui comprend principalement les valeurs du vrai, du beau et du bien, présentant à la fois le caractère du désirable, du délectable (valeur subjective) et le caractère universel, qui mérite d’être désiré (valeur objective) : ‘ La conscience des valeurs n’est telle qu’en tant qu’elle prétend dépasser sa propre subjectivité. La valeur ne nous apparaît pas comme ce qui fait l’objet de notre désir, mais comme ce qui devrait être l’objet de tous les hommes.’ (F. Alquié)

Les principes … « donnent des grandes orientations à l’action, fixent des attitudes »

« Le mot principe vient du latin principium-princeps, qui signifie commencement, premier, à la racine de, au fondement de … Il peut désigner la proposition initiale d’un raisonnement d’où l’on tire d’autres propositions dites conséquentes ou un axiome qui commende tout un secteur scientifique comme le principe de la conservation de l’énergie. En éthique, il désigne une sorte d’axiome ou de postulat, une orientation fondamentale, inspiratrice d’action. Le principe est souvent abstrait, indéterminé, vide : il admet précisément des applications diverses. Il est « impersonnel » comme la valeur, ne faisant pas appel à nos préférences subjectives mais se référant plutôt à une sorte d’objectivité ou d’universalité. Les principes sont relativement peu nombreux et stables. Pensons au Tu ne tueras point, Tu ne mentiras point, Honore ton père et ta mère, Rendre à chacun son dû, etc. »

Là où je mets « moyens », G. Durand parlerait de « règles, qui déterminent l’action et encadrent la décision »

« Par contraste, le mot règle évoque quelque chose de plus concret, de plus proche de l’action : ‘Une formule prescriptible qui indique la voie à suivre pour atteindre une fin’, comme par exemple les règles de grammaire, la règle des trois unités dans le théâtre classique, la règle de fabrication d’un médicament. On peut en faire un synonyme de normes et même de maximes. Contrairement au principe ‘indéterminé et vide’, la règle a un contenu précis : elle est un outil opérationnel. »

Personnellement je parle aussi de moyen.

Le tableau suivant évoque et classifie quelques valeurs, principes et règles à respecter dans une institution socio-éducative comme l’Institution de LavignyEben-Hézer ou l’École Pestalozzi :

Valeurs Principes Moyens
La dignité de la personne comme valeur fondamentale Le respect L’axiome de base ; l’impératif catégorique
L’unicité et la globalité de la personne comme valeurs fondamentales corollaires Le respect L’histoire de vie
Ses capacités et ses potentialités (ses ressources) comme valeurs intrinsèques à la personne à développer – donc la réalisation de soi L’accueil, l’accompagnement, la formation et le développement de cette personne telle qu’elle est Le discernement et le professionnalisme dans l’accompagnement
L’autonomie – la personne comme sujet La formation, dans le sens large du terme, et de nouveau le respect La stimulation et l’avocature, cette dernière là où la capacité de discernement est atteinte, donc l’autodétermination fragile
La vie, la santé ou le bien-être L’empathie et la bienfaisance Entre soins de confort et stimulations, c’est-à-dire mobilisation des ressources (« thérapie »)
La communauté comme valeur intersubjective La participation, la solidarité, mais aussi la transmission Le développement et le soin de la culture de la maison
L’équité (« fairness ») dans la contingence institutionnelle et celle des ressources limitées Les droits et les devoirs, des uns et des autres (le « chacun », à la bonne place) ; le partage Les normes et les procédures ; la démarche qualitéLe dialogue et la négociation
L’ouverture Une organisation apprenante L’interdisciplinarité, la formation et l’apprentissage

Armin Kressmann

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