Luc 3,1-6 (Lc 3,1-6) – Changement de paradigme (commentaire, exégèse)

(avec la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible, Cerf, Paris 2012 ; André Chouraqui, Loucas, Evangile selon Luc, JClattès, 1993 ; François Bovon, L’évangile selon saint Luc, Commentaire du Nouveau Testament IIIa, Labor et Fides, Genève 1991)

Entrée dans le temps de l’Avent, une nouvelle année liturgique, année de l’Église, commence : nous sommes invités à changer de paradigme.

Paradigme ?

« Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent du monde qui repose sur un fondement défini, … un courant de pensée. … Paradigme était à l’origine un terme technique de la grammaire désignant l’ensemble des formes que peut prendre un mot. » (Wikipédia)

Avec Jésus, nous dit Jean-Baptiste, notre vision du monde et notre manière de penser ne sont plus les mêmes ; la grammaire change, nous sommes invités à penser et à parler autrement :

« … la parole de Dieu fut adressée à Jean … il vint dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés » (v. 2-3)

Conversion, métanoïa en grec, du verbe métanoeô, changer de sens, « seinen Sinn ändern », de méta et noéô, percevoir, se rendre compte, remarquer, penser, réfléchir, peser … donc penser autrement, « umdenken », se convertir, se repentir …

se tourner vers autre chose que ce que nous avons l’habitude de penser, de croire et de faire, parce que celle-ci, naturellement, met nous-même et nos intérêts au centre, tourne donc sur elle-même.

La parole qui nous est adressée, à travers Jean, renvoie à un autre, et celui-ci est notre salut (v. 6) ; il s’appelle Jésus.

Ainsi tout change (v. 4-6), ce qui était en bas est en haut et ce qui était en haut est en bas, ce qui était courbé est redressé, les obstacles sont enlevés, à travers l’autre nous voyons clair, finalement nous-mêmes tels que nous sommes voulus par Dieu.

Le changement de paradigme, la conversion est un bouleversement.

En vue du « pardon des péchés », don par excellence, « don du Règne de Dieu annoncé » (TOB p. 2169, note Mc 1,4).

« Que nous faut-il donc faire ? » (v. 10)

Être justes, tels que décrits par Luc à travers Jean-Baptiste, ou Jean-Baptiste à travers Luc dans les versets 10 à 14 : justice, partage, honnêteté et non-violence.

Et cela dans le monde tel qu’il est (v. 1.2), politique et religieux, notre monde et notre Église.

Mais ce n’est pas la condition pour recevoir ou entrer dans ce règne de Dieu, c’est déjà sa réalisation. Le chemin est le but.

Cependant, ce n’est pas si simple que cela, les chemins, nos chemins, sont « rocailleux » (v. 5), au point d’être impraticables, la pente trop raide ; la mort, la croix, nous dépasse.

Il faut que l’Évangile se déploie, celui du salut, il faut que la mort soit vaincue, avant qu’il y ait résurrection …

Noël ne suffit pas … sauf si nous devenions comme les enfants (Lc 18,15-17).

Mais, il semble, qu’aux adultes c’est impossible ; devenir enfants de Dieu, semble-t-il, n’est possible qu’à travers la croix.

Armin Kressmann 2018

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