Courrier de lecteur 24 Heures 14.8.18

La distinction entre foi et morale, ou éthique dirions-nous aujourd’hui, traverse l’histoire du christianisme ; elle fait partie des fondements du protestantisme. Ainsi, comme protestant réformé, je partage largement, pas entièrement, c’est vrai, la morale des milieux catholiques et évangéliques. Qui, par principe, pourrait être pour l’avortement, le suicide, l’infidélité, le divorce, etc. ? Cependant, pour nous les réformés, et en principe tous les protestants, voire tous les chrétiens, ce n’est pas la morale qui nous justifie, mais la foi en Jésus Christ ; celle-ci nous échappe. La morale, notre comportement ou ce que nous faisons pratiquement, en est une conséquence ; mais son jugement, nous le remettons à Dieu. Ainsi, le chrétien est libre, seul responsable devant Dieu. La foi est première et l’emporte sur la morale. Ce n’est pas aux autres, ni à l’Église, de juger mon comportement et mes convictions ; mais je dois les confronter, dans ma conscience, dans ma foi, dans ma compréhension et mon interprétation de la parole biblique, donc devant Dieu, aux comportements et convictions des autres. Si dispute il y a, il se situe au niveau de la lecture biblique, et non pas au niveau de la morale. Voilà, encore un des principes protestants, le dialogue entre les différents arguments qui découlent des différentes interprétations de la parole biblique. Personnellement je soumets tout aux commandements d’amour ; pour moi, et j’ai cru comprendre pour Jésus aussi, c’est le critère ultime pour lire toute la bible et « juger » toute morale. Donc, dites-moi seulement comment vous traduisez les commandements d’amour dans votre vie de tous les jours, votre morale ou votre éthique à vous, et cela en situation concrète, dans les dilemmes que la vie nous impose et que nous devons résoudre ensemble.

Armin Kressmann 2018