EERV Églises émergentes et « fresh expressions » – En Jésus Christ Dieu est Vaudois

C’est vrai, mon Église a besoin d’un renouveau, ou, disons-le autrement, ceux et celles qui la fréquentent ont besoin de redécouvrir l’Évangile sous des formes nouvelles qui leur permettent d’affronter les multiples défis que le monde et la vie d’aujourd’hui leur posent. Et ce n’est pas seulement une question d’Église, mais de société ; il y en a qui parlent de « liquidité » et je pense que c’est aussi un problème de liquidités, dans tous les sens du terme. Mais ce n’est pas par des liquidités qu’on va résoudre le problème de liquidités, mais par ce qui est solide. Et solide, dans notre foi, n’est que la grâce, et la grâce n’est pas quelque chose à réintroduire, à apporter, à revivifier, même pas à proclamer, mais à recevoir et cerner en ce qui est là, ferme et solide. Le solide, ce n’est qu’une chose, pour nous, les protestants réformés : la grâce, ou l’amour, pour parler liquide. La grâce est là, peut-être enfouie, mais elle est là, comme Dieu est là. Celui qui est là, c’est un des noms de Dieu (Exode 3,14), peut-être LE nom de Dieu. En ce sens, pour le Vaudois, Dieu est vaudois, et c’est parce que Dieu s’est fait Vaudois, en Jésus Christ, qu’il parle aux Vaudois. Pour moi, comme Bernois, mais pasteur vaudois, il s’agit donc d’accompagner les Vaudois de sorte qu’ils redécouvrent ce Dieu vaudois là où comme Vaudois, dans ce monde globalisé, ils ne savent plus ce que c’est être vaudois et quand la vie leur fait comprendre que Dieu, en Jésus Christ, est aussi Bernois, Européen, Africain, femme, noir, Chinois, enfant, handicapé, homosexuel, etc. etc.

Je rejoins donc nos autorités d’Église dans leur souci de faire redécouvrir la grâce évangélique, ce qui est solide, dans une société devenue liquide. Mais ce « ce qui est solide » est déjà inscrit, il est là, en ce « Pays de Vaud » et ce « peuple vaudois tout entier » qui se liquéfient, ce qui, par ailleurs, est une bonne chose. Ce n’est pas le retour à l’ancien, à ce qui est dépassé, qui va le solidifier de nouveau, je suis d’accord, mais l’arrosage avec du liquide venant de l’extérieur non plus. La grâce est là, elle nous précède, sinon notre foi est vaine. Nous n’avons pas à évangéliser les Vaudois.

En conséquence, la bonne question, pour moi, celle que je pose comme Bernois pasteur vaudois, mais je pourrais aussi être femme, Africain, Français, homosexuel ou handicapé, à nos lieux d’Église et tout particulièrement aux paroisses qui peinent et se liquéfient, est la suivante :

« Dites-moi, à la lumière de la grâce qui vous a été donnée en Jésus Christ, pourquoi votre paroisse, malgré et contre toutes vos difficultés, peut-être grâce à celles-ci, est la plus belle paroisse du monde ? »

Cette question je la pose pour que puissent émerger, là où nous sommes, en ce « Pays de Vaud », une Église renouvelée et des expressions de foi rafraîchies, des « fresh expressions » de ce qui est solide.

Armin Kressmann 2018

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