Supranaturalisme – Dieu n’existe pas, mais il est

Le Dictionnaire culturel en lange française d’Alain Roy définit le supranaturalisme ainsi :

« Qui relève d’un autre ordre que celui de la nature observable, qui n’est pas explicable par des phénomènes naturels. »

Je ramène « nature et phénomènes naturels » volontiers aux « faits », faits scientifiquement observables, distincts d’autres faits, présents en ce monde sans qu’on en puisse simplement dire qu’ils font partie de la nature en un sens scientifique moderne, phénomènes comme l’amour p.ex. qui ne se laissent pas réduire à la physique, la chimie, la biologie, la psychologie, la sociologie ou l’anthropologie. Pourtant, ils sont présents en ce monde, en le dépassant vers une universalité qui se résorbe en ce qu’on peut appeler la spiritualité. Ils sont d’un autre ordre que ce premier qu’est « la nature ».

En conséquence, je refuse une dichotomie naturalisme contre supranaturalisme qui ramène le religieux et Dieu en dernière instance au niveau du supranaturel ; mais je refuse aussi de le ramener à la nature et de faire de ma foi un panthéisme ; il est transcendant, il est, en dehors des considérations nature et supra- ou surnaturel ; il n’existe pas, sinon il devrait sortir de quelque part, il est, et, en premier lieu, en dehors de tout lieu, il « verbe », il est Verbe (Jean 1,1), Esprit, parole incarnée, devenu nature naturelle charnelle en ce Jésus de Nazareth, celui-ci étant Christ transcendant cette nature. « Dieu est amour » (1 Jean 4,8) me convient bien, sans qu’on puisse dire l’inverse, faire de l’amour Dieu.

Tout cela, de l’ordre du spirituel, dans l’opérationnel, nous ramène au ReSpirE, spiritualité, art, religion et éthique.

La raison qui meut Dieu, – ou ce Dieu qui meut la raison -, n’est pas raison naturelle. Il n’est pas naturel d’aimer l’autre.

Quand je récuse le supranaturalisme, je le fais par rapport à un Dieu qui, dans son action dans la nature, les « miracles », changerait les règles de la nature pour se révéler en tant que Dieu. Quand le Verbe change la nature, il le fait dans le cadre de la nature, pour le dire autrement, selon les règles de cette nature que Dieu a voulue création bonne.

Au fond, dans la bible, il n’y a qu’un seul miracle : la résurrection. Et c’est une non-événement : le tombeau était vide. Pour moi, cette réalité n’échappe pas à la raison, donc, pour moi, la résurrection non plus.

Armin Kressmann 2017

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