Parlons bible – « Au commencement est le Verbe » (Jean 1,1)

Être chrétien :

Il ne s’agit pas de reconnaître le Christ dans notre vie, mais notre vie en Christ.

Dans notre prédication, il ne s’agit pas de proclamer la parole biblique dans et pour notre vie, mais faire refléter notre vie dans et à travers la parole biblique.

« C’est pour ainsi dire le texte qui absorbe le monde et non l’inverse. » G. A. Lindbeck, La nature des doctrines, p. 155

En tant que protestants, il nous faudrait parler bible (sola scriptura), comme on parle français ou allemand.

Notre « religion », dans le sens de « relier » et celui de « recueillir »1, est langage, un outil de communication, avec mes contemporains, ceux et celles qui m’ont précédé et ceux et celles qui me succéderont, mon présent, mon passé et mon avenir :

Je parle bible, Écritures, – j’essaie au moins, dans la suite et la tradition d’un certain Jésus de Nazareth, qui a parlé ma langue à la perfection et qui est ainsi devenu mon maître -, pour partager avec toi, et lui aussi, les questions ultimes, celles qui traitent de la vie et de la mort, de la croix et de la résurrection. Aucune autre langue s’y prête mieux.

La bible est mon livre de grammaire, mon univers de pensée, qui m’enseigne et me dit comment bien m’exprimer. Si tu es d’accord de parler la même langue que moi et si tu l’as apprise, – bien apprise comme moi je me donne de la peine à l’apprendre et parler, ce qui s’appelle catéchisme -, nous pouvons peut-être nous comprendre l’un et l’autre, et celui dont on dit qu’il est amour, mieux comprendre ce que c’est, l’amour, la finalité de tout ce qui est bon.

Et le culte, la prédication, la liturgie ?

Quand c’est bien fait, c’est une forme de littérature, une histoire, un roman, une poésie, un essai, jeux de mots et de paroles, argumentaire et contemplation, qui parle de cet amour, l’illustre, le défend et le célèbre, contre tout ce qui le conteste.

Et parfois c’est bien fait, parfois moins bien, même mal parfois, comme tout ce qui se réclame de la littérature ; tout dépend de l’esprit, lettre morte ou Esprit.

Cependant, même quand c’est mal fait, surtout quand c’est mal fait, reste l’amour.

Armin Kressmann 2017

1 « Rien n’est plus contesté, ni depuis plus longtemps, que l’origine du latin religio. … pour des raisons tant sémantiques que morphologiques, le mot se rattache à relegere « recollecter, reprendre pour un nouveau choix, revenir à une synthèse antérieure pour la recomposer » : la religio « scrupule religieux » est ainsi, à l’origine, une disposition subjective, un mouvement réflexif lié à quelques craintes de caractère religieux. Fausse historiquement, l’interprétation par religare « relier », inventée par les chrétiens, est significative du renouvellement de la notion : le religio devient « obligation », lien objectif entre le fidèle et son Dieu. » Émile Benveniste ; Le vocabulaire des institutions indo-européennes ; vol. 2 ; Les Éditions de Minuit, Paris 1969, p. 265

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