L’EERV Église évangélique réformée du canton de Vaud et ses « retraités » dont je fais partie (Armin Kressmann)

Comment faire passer notre Église, l’EERV Église évangélique réformée du canton de Vaud, à travers ce que certain considère comme crise, diminution des membres actifs, manque de forces ministérielles et déficits financiers ?

  • La première chose à dire : fondamentalement, une l’Église qui n’est pas en crise n’est pas une Église qui peut se dire de Jésus Christ. En ce sens la crise est une invitation à se rappeler de et à se remettre à ce ou celui qui la fonde.
  • Ensuite, quand problématique systémique et structurelle il y a, les solutions ne peuvent être que systémiques et structurelles ; le bouche-trou, un poste vide – un temps partiel pour combler le trou, ne fait qu’aggraver et prolonger la crise et, par là, fragilise encore davantage le système, notamment en usant et épuisant ceux et celles qui tiennent encore, laïcs et ministres.
  • « Problématique » veut dire chercher et trouver des solutions à des « problèmes », au sens presque scientifique et mathématique, donc démarche qui n’est pas problématique, mais normale et naturelle, tout en sachant, c’est aussi inné aux systèmes, que les solutions d’aujourd’hui sont les « problèmes » de demain.

Alors dénoncer les bouche-trous systématiques comme je le fais régulièrement ne suffit pas ; il faut chercher des pistes de « solution » :

  • Développer un réseau de laïcs et retraités qui entourent les ministres « actifs » et qui font ensemble équipe.
  • Les « actifs » comme piliers et pivots, responsables au niveau administratif et organisationnel.
  • Des équipes qui s’inscrivent dans un réseau régional ou supra-régional et y collaborent entre elles.
  • Dans une vision de subsidiarité, – les choses se définissent et s’organisent au niveau structurel le plus bas possible, donc démarche inductive -, collaborer et se répartir les tâches et les activités ; celles-ci se répartissent en fonction des charismes (compétences dirait le monde du travail d’aujourd’hui).
  • Se rendre compte que nous ne pouvons plus tout ramener à la paroisse, mais que la région, comprise comme territorialité, ne se suffit pas non plus à elle-même. Développer une jeux de va-et-vient entre les paroisses, à l’image des ports, et les « régions » ou mieux encore « le monde », celui-ci compris comme lieu d’action essentiel, la « haute mer » ; il y en a qui parleraient « d’évangélisation », ce qui en soi n’est pas faux, mais aujourd’hui irrecevable sans explication théologico-philosophique. Le sens de la navigation ne réside pas dans les ports, mais sans les ports la navigation est impossible ; c’est là où se restaure le navigateur, et pour cela il a besoin de toute une infrastructure.
  • Les paroisses deviendraient ainsi les noeux d’un réseau dont la finalité réside dans les liens entre les noeux, « l’entre », comme « Zwischen » dans le sens de Martin Buber, étant le lieu du spirituel par excellence ; l’Église d’aujourd’hui doit être pneumatologique, capable de dire ce qui est « entre » et qui tient l’ensemble ensemble. Nous aurions donc besoin d’une vision renouvelée et bienveillante du « monde » qui ne peut plus être compris comme hostile et ennemi de l’Église ; il se pourrait même qu’il y ait aujourd’hui plus d’Église dans le monde que dans l’Église.
  • Profiter des réseaux sociaux et de l’Internet pour communiquer, mais aussi défendre et promouvoir ses visions, ses conviction et sa foi, afin que se dégage une vision partagée, implicitement confession de foi, celle-ci non-dogmatique.
  • Ce qui nécessite un travail herméneutique sur le vocabulaire et le langage en Église.
  • Démarche inductive veut dire expérimentale et participative, donc profondément protestante réformée. D’abord essayer, puis stabiliser et instituer.

Conclusions pratiques personnelles :

En tant que pasteur retraité,

  • je suis toujours prêt à « boucher des trous » en situation de crise aiguë, en soulageant bénévolement des collègues qui se trouvent « en difficulté », quelque soit celle-ci,
  • mais sur un poste vacant, non-repourvu, je ne me considérerais pas « remplaçant », mais « actif », et en tant que tel impliqué dans et responsable des changements aujourd’hui nécessaires pour que notre Église puisse relever, là où je serais engagé, les défis qui lui sont adressés ; et pour cela, aussi par solidarité avec les collègues « actifs » plus jeunes, je souhaiterais être rémunéré, salarié comme il se doit.
  • enfin, je souhaiterais que des collègues, jeunes ou moins jeunes, osent me dire, avec bienveillance, quand le moment est venu pour que j’arrête tout, tout sauf contempler Dieu et ce monde en qui je reconnais, – il faut le discerner c’est vrai, ce qui n’est pas toujours évident et je me trompe régulièrement, soit -, sa bonne création ; elle est bonne, pas parfaite, ça suffit.

Armin Kressmann 2017

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