Pâques, résurrection inscrite dans la croix (mort et résurrection, méditation avec le Psaume 22 et Matthieu 27,46)

« Eli – Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné, pourquoi m’as-tu délié et déchargé1 ? (Matthieu 27,46) Fortifié ? Loin de mon salut ? … Je crie de jour, tu ne réponds pas ; la nuit, pas de silence en moi ! Toi, sacré – le saint, tu habites les louanges. » (Psaume 22,2-4)

Et André Chouraqui dit :

« C’est parce que l’Autre ne répond pas que l’homme n’a pas de repos. Ici, le silence d’Adonaï détruit le silence de l’homme. »

Et je rebondis : ici, la mort de Dieu détruit la mort de l’homme, la mort elle-même, comme le cri du psalmiste et du Christ sur la croix détruit le silence de Dieu.

En Christ sur la croix, Dieu nous délie et nous décharge.

Mon Dieu, malgré et contre tout, délié, déchargé je peux me remettre à toi.

Salut ? Vanité !

Force ? Vanité !

Mort ? Vanité !

Renoncer à vaincre la mort est vaincre la mort.

A partir de là nous pouvons vivre.

La mort est suspendue, elle a perdu son pouvoir … sur nous, sur la vie.

Nous n’avons plus besoin de nous justifier,

Dieu lui-même, en renonçant de se justifier, n’a plus besoin de se justifier.

C’est la mort de toute justification ; la vie est pure grâce, sans justification.

Désormais nous pouvons vivre,

vivre sans justification

sans raison, juste vivre et faire vivre.

Mon Dieu, pourquoi, en vue de quoi m’as-tu abandonné ?

Que veux-tu m’apprendre, enseigner2 ?

En vue de quoi cet abandon ?

En vue de la vie !

Justification sans justification, vie sans justification est résurrection.

Désormais nous pouvons vivre sans ce poids de justification,

vivre sans raison, juste vivre,

vivre pour vivre et faire vivre. aimer,

vivre sans triomphalisme.

Vis !

Recevoir et accepter la vie sans raison,

c’est la vie qui est le sens de la vie

et la non-vie non-sens.

Un homme, passé nonante ans,

croyant, pratiquant,

fait appel à Exit et se ôte la vie …

se remettre à Dieu,

sans vouloir se justifier,

se reconnaître pécheur,

renoncer à raisonner,

même renoncer à faire de la foi une œuvre,

même pas compter sur le pardon,

juste se remettre à Dieu,

à Dieu, même pas à son jugement,

même à pas à son amour,

rien qu’à Dieu ?

Que voulez-vous que je dise,

que voulez-vous que je fasse ?

Soit !

Sans gloire.

Moi, je lutte encore,

je doute encore …

Son silence, de quoi me délie-t-il ?

Armin Kressmann, au jour de la croix 2017

1En hébreu `zb 1. relâcher (des liens), délier, décharger ; 2. abandonner, délaisser, quitter, laisser ; 3. restaure, fortifier

2Le lmd, « lamed » hébraïque qui précède le quoi signifie « enseigner, instruire, apprendre ».

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