Les thèses de la Dispute de Lausanne (Guillaume Farel 1536)

Réforme – Réformation – Dispute de Lausanne

« Les conclusions qui doivent être disputés à Lausanne, nouvelle province de Berne, le premier jour d’octobre, l’an 1536.

  1. La Sainte Ecriture n’enseigne point d’autre manière d’être justifié que par la foi en Jésus-Christ, une fois offert et qui jamais plus ne sera ; à tel point qu’il anéantit complètement l’oeuvre du Christ, celui qui introduit d’autre satisfaction, oblation ou purification pour la rémission des péchés.

  1. L’Ecriture reconnaît Jésus-Christ, ressuscité des morts et assis au ciel à la droite du Père, comme le seul vrai chef, souverain sacrificateur, médiateur et avocat de son Église.

  1. La Sainte Ecriture appelle Eglise de Dieu tous ceux qui croient qu’ils sont rachetés par le seul sang de Jésus-Christ ; qui constamment, sans vaciller, croient, se fondent et s’appuient sur la parole du Christ seul, lequel retiré de nous quant à la présence corporelle remplit, soutient, gouverne et vivifie toutes choses par la puissance de son Saint-Esprit.

  1. Cette Eglise, il est vrai, est connu de Dieu seul ; toutefois elle a ses cérémonies ordonnées1 par Christ, par lesquelles elle est vue et connue, c’est assavoir le Baptême et la Cène du Seigneur ; on les appelle sacrements, parce qu’elles sont symboles et signes des choses secrètes2, c’est-à-dire de la grâce divine.

  1. Cette Eglise aussi ne reconnaît d’autre ministère que celui qui prêche la Parole de Dieu et administre les sacrements.

  1. En outre, la même Eglise n’admet d’autre confession que celle qui est faite à Dieu, ni d’autre absolution que celle qui est donnée par Dieu pour la rémission des péchés. Seul il pardonne et remet les péchés, et c’est à lui seul qu’à cette fin il se faut confesser.

  1. De plus, la même Eglise ignore toute autre façon de servir Dieu que le culte en esprit, ordonné par la Parole de Dieu, qui consiste en l’amour de Dieu et du prochain. Et par conséquent elle rejette entièrement les moqueries infinies de toutes cérémonies en tant qu’elles pervertissent la religion, comme sont les images et semblables choses.

  1. Elle ne reconnaît aussi, en fait de pouvoir, que celui du magistrat civil, ordonné par Dieu, nécessaire pour conserver la paix et tranquillité de la chose publique. Elle veut que tous lui obéissent, en tant qu’il ne commande rien contre Dieu.

  1. Ensuite elle affirme que le mariage, institué par Dieu pour tous les hommes pourvu qu’ils soient aptes, ne répugne3 à la sainteté de quelque état4 que ce soit.

  1. Finalement, quant aux choses indifférentes, comme sont les viandes5 et breuvages et l’observation des jours, quoique le fidèle en puisse user librement en tout temps, il ne le doit faire néanmoins qu’à bon escient et avec charité.

Honneur à Dieu ! »

Actes de la Dispute, p. 5-7

La dispute de Lausanne (1536) ; René Deluz, Cahiers de la Faculté de théologie de l’Université de Lausanne VIII ; Lausanne 1936, p. 95s

1Dont l’ordre a été fixé.

2Des réalités invisibles.

3N’est pas contraire.

4Classe.

5Aliments.

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